Voixdans le grenier par Victor Hugo. Voix dans le grenier. par Victor Hugo. Vivent les bas de soie et les souliers vernis ! Dieu dit aux bons fauteuils : fauteuils, je vous bĂ©nis ! Vous illumine lâĂąme en empourprant la chambre ! Ma foi, jâaime le vin. Moi, jâaime le cafĂ©.
VictorHugo « On vit, on parle » Les Contemplations, Nelson, 1911 (p. 248). « Pendant que le marin » Ă quoi songeaient les deux cavaliers dans la forĂȘt XI. On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l
Cessimilitudes entre le poĂšte romantique et le chantre de la NĂ©gritude autorisent Ă faire une analyse comparĂ©e de leur situation de pĂšre endeuillĂ© et de leur pouvoir du verbe. Introduction . A la lecture des Contemplations de Victor Hugo et de lâĆuvre poĂ©tique de LĂ©opold SĂ©dar Senghor, on remarque aisĂ©ment que ces deux Ćuvres sont marquĂ©es par le thĂšme de
VictorHugo a commencé Les Misérables en 1845 sous le titre Les MisÚres. Puis il "les" a abandonné pendant quinze ans. Il les reprend en 1860, et la premiÚre partie du livre paraßt le 3 avril 1862. Le 15 mai, publication des deuxiÚmes et troisiÚmes Parties du roman (immense succÚs populaire, la foule s'amasse dÚs 6 heures du matin devant les grilles des librairies). Le 30 juin
Lauteur avait pour projet de sensibiliser les lecteurs Ă la maltraitance des enfants mis en nourrice. Ă cette Ă©poque, les parents accordaient souvent peu dâintĂ©rĂȘt Ă leurs enfants. Cosette reflĂšte la vie douloureuse et difficile des enfants au XIX e siĂšcle. Victor Hugo choisit de donner une fin de vie heureuse Ă Cosette, un
rNiqWA. Cette biographie vous propose des poĂšmes, des citations et proverbes de Victor Hugo et quelques lettres d'amour. 1. A Jeanne Recueil Les chansons des rues et des bois. Ces lieux sont purs ; tu les complĂštes. Ce bois, loin des sentiers battus, Semble avoir fait des violettes, Jeanne, avec toutes tes vertus. L'aurore ressemble Ă ton Ăąge ; Jeanne, il existe sous les cieux On ne sait quel doux voisinage Des bons coeurs avec les beaux lieux. Tout ce vallon est une fĂȘte Qui t'offre son humble bonheur ; C'est un nimbe autour de ta tĂȘte ; C'est un Ă©den en ton honneur. Tout ce qui t'approche dĂ©sire Se faire regarder par toi, Sachant que ta chanson, ton rire, Et ton front, sont de bonne foi. Ă Jeanne, ta douceur est telle Qu'en errant dans ces bois bĂ©nis, Elle fait dresser devant elle Les petites tĂȘtes des nids. 2. A une jeune fille Recueil Odes et ballades. Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle, Enfant ! n'enviez point notre Ăąge de douleurs, OĂč le coeur tour Ă tour est esclave et rebelle, OĂč le rire est souvent plus triste que vos pleurs. Votre Ăąge insouciant est si doux qu'on l'oublie ! Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs, Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie, Comme un alcyon sur les mers. Oh ! ne vous hĂątez point de mĂ»rir vos pensĂ©es ! Jouissez du matin, jouissez du printemps ; Vos heures sont des fleurs l'une Ă l'autre enlacĂ©es ; Ne les effeuillez pas plus vite que le temps. Laissez venir les ans ! Le destin vous dĂ©voue, Comme nous, aux regrets, Ă la fausse amitiĂ©, A ces maux sans espoir que l'orgueil dĂ©savoue, A ces plaisirs qui font pitiĂ©. Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance Riez ! n'attristez pas votre front gracieux, Votre oeil d'azur, miroir de paix et d'innocence, Qui rĂ©vĂšle votre Ăąme et rĂ©flĂ©chit les cieux ! 3. Oh ! quand je dors... Recueil Les rayons et les ombres. Oh ! quand je dors, viens auprĂšs de ma couche, Comme Ă PĂ©trarque apparaissait Laura, Et qu'en passant ton haleine me touche... - Soudain ma bouche S'entr'ouvrira ! Sur mon front morne oĂč peut-ĂȘtre s'achĂšve Un songe noir qui trop longtemps dura, Que ton regard comme un astre se lĂšve... - Soudain mon rĂȘve Rayonnera ! Puis sur ma lĂšvre oĂč voltige une flamme, Eclair d'amour que Dieu mĂȘme Ă©pura, Pose un baiser, et d'ange deviens femme... - Soudain mon Ăąme S'Ă©veillera ! 4. On vit, on parle... Recueil Les rayons et les ombres. On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l'auberge et du gĂźte ; Le regard d'une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois ! On Ă©coute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'Ă©veille, et toute une famille Vous embrasse, une mĂšre, une soeur, une fille ! On dĂ©jeune en lisant son journal. Tout le jour On mĂȘle Ă sa pensĂ©e espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublĂ©es ; On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es ; Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ; On arrive, on recule, on lutte avec effort... - Puis, le vaste et profond silence de la mort ! 5. Jeanne endormie Recueil L'art d'ĂȘtre grand-pĂšre. L'oiseau chante ; je suis au fond des rĂȘveries. Rose, elle est lĂ qui dort sous les branches fleuries, Dans son berceau tremblant comme un nid d'alcyon, Douce, les yeux fermĂ©s, sans faire attention Au glissement de l'ombre et du soleil sur elle. Elle est toute petite, elle est surnaturelle. Ă suprĂȘme beautĂ© de l'enfant innocent ! Moi je pense, elle rĂȘve ; et sur son front descend Un entrelacement de visions sereines ; Des femmes de l'azur qu'on prendrait pour des reines, Des anges, des lions ayant des airs benins, De pauvres bons gĂ©ants protĂ©gĂ©s par des nains, Des triomphes de fleurs dans les bois, des trophĂ©es D'arbres cĂ©lestes, pleins de la lueur des fĂ©es, Un nuage oĂč l'Ă©den apparaĂźt Ă demi, VoilĂ ce qui s'abat sur l'enfant endormi. Le berceau des enfants est le palais des songes ; Dieu se met Ă leur faire un tas de doux mensonges ; De lĂ leur frais sourire et leur profonde paix. Plus d'un dira plus tard Bon Dieu, tu me trompais. Mais le bon Dieu rĂ©pond dans la profondeur sombre - Non. Ton rĂȘve est le ciel. Je t'en ai donnĂ© l'ombre. Mais ce ciel, tu l'auras. Attends l'autre berceau ; La tombe. Ainsi je songe. Ă printemps ! Chante, oiseau ! 6. Le sacre de la femme - Ăve Recueil La lĂ©gende des siĂšcles. Ăve offrait au ciel bleu la sainte nuditĂ© ; Ăve blonde admirait l'aube, sa soeur vermeille. Chair de la femme ! argile idĂ©ale ! ĂŽ merveille ! PĂ©nĂ©tration sublime de l'esprit Dans le limon que l'Ătre ineffable pĂ©trit ! MatiĂšre oĂč l'Ăąme brille Ă travers son suaire ! Boue oĂč l'on voit les doigts du divin statuaire ! Fange auguste appelant le baiser et le coeur, Si sainte, qu'on ne sait, tant l'amour est vainqueur, Tant l'Ăąme est vers ce lit mystĂ©rieux poussĂ©e, Si cette voluptĂ© n'est pas une pensĂ©e, Et qu'on ne peut, Ă l'heure oĂč les sens sont en feu, Ătreindre la beautĂ© sans croire embrasser Dieu ! Ăve laissait errer ses yeux sur la nature. Et, sous les verts palmiers Ă la haute stature, Autour d'Ăve, au-dessus de sa tĂȘte, l'oeillet Semblait songer, le bleu lotus se recueillait, Le frais myosotis se souvenait ; les roses Cherchaient ses pieds avec leurs lĂšvres demi-closes ; Un souffle fraternel sortait du lys vermeil ; Comme si ce doux ĂȘtre eĂ»t Ă©tĂ© leur pareil, Comme si de ces fleurs, ayant toutes une Ăąme, La plus belle s'Ă©tait Ă©panouie en dĂ©couvrir aussi PoĂšmes et poĂ©sie sur la nature 7. Tu me vois bon charmant et doux Recueil OcĂ©an vers. Tu me vois bon, charmant et doux, ĂŽ ma beautĂ© ; Mes dĂ©fauts ne sont pas tournĂ©s de ton cĂŽtĂ© ; C'est tout simple. L'amour, Ă©tant de la lumiĂšre, Change en temple la grotte, en palais la chaumiĂšre, La ronce en laurier-rose et l'homme en demi-dieu. Tel que je suis, rĂȘvant beaucoup et valant peu, Je ne te dĂ©plais pas assez pour que ta bouche Me refuse un baiser, ĂŽ ma belle farouche, Et cela me suffit sous le ciel Ă©toilĂ©. Comme PĂ©trarque Laure et comme Horace ĂglĂ©, Je t'aime. Sans l'amour l'homme n'existe guĂšre. Ah ! j'oublie Ă tes pieds la patrie et la guerre Et je ne suis plus rien qu'un songeur Ă©perdu. 8. Quand deux cĆurs en s'aimant ont doucement vieilli Recueil Toute la lyre. Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli ! Amour ! hymen d'en haut ! ĂŽ pur lien des Ăąmes ! Il garde ses rayons mĂȘme en perdant ses flammes. Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un. Il fait, des souvenirs de leur passĂ© commun, L'impossibilitĂ© de vivre l'un sans l'autre. - ChĂ©rie, n'est-ce pas ? cette vie est la nĂŽtre ! Il a la paix du soir avec l'Ă©clat du jour, Et devient l'amitiĂ© tout en restant l'amour !
Comme sâil pressentait que son heure Ă©tait proche Grave, il ne faisait plus Ă personne un reproche, Il marchait en rendant aux passants leur salut ; On le voyait vieillir chaque jour, quoiquâil eĂ»t A peine vingt poils blancs Ă sa barbe encore noire ; Il sâarrĂȘtait parfois pour voir les chameaux boire, Se souvenant du temps quâil Ă©tait chamelier. Il songeait longuement devant le saint pilier ; par moments il faisait mettre une femme nue Et la regardait, puis contemplait la nue, Et disait La beautĂ© sur la terre, au ciel le jour ». Il semblait avoir vu lâĂ©den, lâĂąge dâamour, Les temps antĂ©rieurs, lâĂšre immĂ©moriale. Il avait le front haut, la joue impĂ©riale, Le sourcil chauve, lâĆil profond et diligent, Le cou pareil au col dâune amphore dâargent, Lâair dâun NoĂ© qui sait le secret du dĂ©luge. Si des hommes venaient le consulter, ce juge Laissait lâun affirmer, lâautre rire et nier, Ecoutait en silence et parlait le dernier. Sa bouche Ă©tait toujours en train dâune priĂšre ; Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre ; Il sâoccupait de lui-mĂȘme Ă traire ses brebis ; Il sâasseyait Ă terre et cousait ses habits. Il jeĂ»nait plus longtemps quâautrui les jours de jeĂ»ne, Quoiquâil perdĂźt sa force et quâil ne fĂ»t plus jeune. A soixante-trois ans une fiĂšvre le prit. Il relut le Coran de sa main mĂȘme Ă©crit, Puis il remit au fils de SĂ©id la banniĂšre, En lui disant Je touche Ă mon aube derniĂšre. Il nâest pas dâautre Dieu que Dieu. Combats pour lui. » Et son Ćil, voilĂ© dâombre, avait ce morne ennui Dâun vieux aigle forcĂ© dâabandonner son aire. Il vint Ă la mosquĂ©e Ă son heure ordinaire, AppuyĂ© sur Ali le peuple le suivant ; Et lâĂ©tendard sacrĂ© se dĂ©ployait au vent. LĂ , pĂąle, il sâĂ©cria, se tournant vers la foule ; Peuple, le jour sâĂ©teint, lâhomme passe et sâĂ©croule ; La poussiĂšre et la nuit, câest nous. Dieu seul est grand. Peuple je suis lâaveugle et suis lâignorant. Sans Dieu je serais vil plus que la bĂȘte immonde. » Un sheick lui dit Ă chef des vrais croyants ! Le monde, SitĂŽt quâil tâentendit, en ta parole crut ; Le jour oĂč tu naquit une Ă©toile apparut, Et trois tours du palais de ChosroĂšs tombĂšrent. » Lui, reprit Sur ma mort, les Anges dĂ©libĂšrent ; Lâheure arrive. Ecoutez. Si jâai de lâun de vous Mal parlĂ©, quâil se lĂšve, ĂŽ peuple, et devant tous Quâil mâinsulte et mâoutrage avant que je mâĂ©chappe, Si jâai frappĂ© quelquâun, que celui-lĂ me frappe. » Et, tranquille, il tendit aux passants son bĂąton. Une vieille, tondant la laine dâun mouton, Assise sur un seuil, lui cria Dieu tâassiste ! » Il semblait regarder quelque vision triste, Et songeait ; tout Ă coup, pensif, il dit VoilĂ , Vous tous, je suis un mot dans la bouche dâAllah ; Je suis cendre comme homme et feu comme prophĂšte. Jâai complĂ©tĂ© dâIssa la lumiĂšre imparfaite. Je suis la force, enfants ; JĂ©sus fut la douceur. Le soleil a toujours lâaube pour prĂ©curseur. JĂ©sus mâa prĂ©cĂ©dĂ©, mais il nâest pas la Cause. Il est nĂ© dâune Vierge aspirant une rose. Moi, comme ĂȘtre vivant, retenez bien ceci, Je ne suis quâun limon par les vices noirci, Jâai de tous les pĂ©chĂ©s subi lâapproche Ă©trange, Ma chair a plus dâaffront quâun chemin nâa de fange, Et mon corps par le mal est tout dĂ©shonorĂ© ; Ă vous tous, je serais bien vite dĂ©vorĂ© Si dans lâobscuritĂ© du cercueil solitaire Chaque faute engendre un ver de terre. Fils, le damnĂ© renaĂźt au fond du froid caveau Pour ĂȘtre par les vers dĂ©vorĂ© de nouveau ; Toujours sa chair revit, jusquâĂ ce que la peine, Finie ouvre Ă son vol lâimmensitĂ© sereine. Fils, je suis le champ vil des sublimes combats, TantĂŽt lâhomme dâen haut, tantĂŽt lâhomme dâen bas, Et le mal dans ma bouche avec le bien alterne Comme dans le dĂ©sert le sable et la citerne ; Ce qui nâempĂȘche pas que je nâaie, ĂŽ croyants ! Tenu tĂȘte dans lâombre aux Anges effrayants Qui voudraient replonger lâhomme dans les tĂ©nĂšbres, Jâai parfois dans mes poings tordu leurs bras funĂšbres ; Souvent, comme Jacob, jâai la nuit, pas Ă pas, LuttĂ© contre quelquâun que je ne voyais pas ; Mais les hommes surtout on fait saigner ma vie, Ils ont jetĂ© sur moi leur haine et leur envie, Et, comme je sentais en moi la vĂ©ritĂ©, Je les ai combattus, mais sans ĂȘtre irritĂ©, Et, pendant le combat je criais âlaissez faire ! Je suis le seul, nu, sanglant, blessĂ© ; je le prĂ©fĂšre. Quâils frappent sur moi tous ! Que tout leur soit permis ! Quand mĂȘme, se ruant sur moi, mes ennemis Auraient, pour mâattaquer dans cette voie Ă©troite, Le soleil Ă leur gauche et la lune Ă leur droite, Ils ne me feraient point reculer !â Câest ainsi QuâaprĂšs avoir luttĂ© quarante ans, me voici ArrivĂ© sur le bord de la tombe profonde, Et jâai devant moi Allah, derriĂšre moi le monde. Quant Ă vous qui mâavez dans lâĂ©preuve suivi, Comme les grecs HermĂšs et les hĂ©breux LĂ©vi, Vous avez bien souffert, mais vous verrez lâaurore. AprĂšs la froide nuit, vous verrez lâaube Ă©clore ; Peuple, nâen doutez pas ; celui qui prodigua Les lions aux ravins du Jebbel-Kronnega, Les perles Ă la mer et les astres Ă lâombre, Peut bien donner un peu de joie Ă lâhomme sombre . » Il ajouta Croyez, veillez ; courbez le front. Ceux qui ne sont ni bons ni mauvais resteront Sur le mur qui sĂ©pare Eden dâavec lâabĂźme, Etant trop noirs pour Dieu, mais trop blancs pour le crime ; Presque personne nâest assez pur de pĂ©chĂ©s Pour ne pas mĂ©riter un chĂątiment ; tĂąchez, En priant, que vos corps touchent partout la terre ; Lâenfer ne brĂ»lera dans son fatal mystĂšre Que ce qui nâaura point touchĂ© la cendre, et Dieu A qui baise la terre obscure, ouvre un ciel bleu ; Soyez hospitaliers ; soyez saints ; soyez justes ; LĂ -haut sont les fruits purs dans les arbres augustes, Les chevaux sellĂ©s dâor, et, pour fuir aux sept dieux, Les chars vivants ayant des foudres pour essieux ; Chaque houri, sereine, incorruptible, heureuse, Habite un pavillon fait dâune perle creuse ; Le gehennam attend les rĂ©prouvĂ©s ; malheur ! Ils auront des souliers de feu dont la chaleur Fera bouillir leur tĂȘte ainsi quâune chaudiĂšre. La face des Ă©lus sera charmante et fiĂšre. » Il sâarrĂȘta donnant audience Ă lâespoir. Puis poursuivant sa marche Ă pas lents, il reprit Ă vivants ! Je rĂ©pĂšte Ă tous que voici lâheure OĂč je vais me cacher dans une autre demeure ; Donc, hĂątez-vous. Il faut, le moment est venu, Que je sois dĂ©noncĂ© par ceux qui mâont connu, Et que, si jâai des torts, on me crache au visage. » La foule sâĂ©cartait muette Ă son passage. Il se lava la barbe au puits dâAbouflĂ©ia. Un homme rĂ©clama trois drachmes, quâil paya, Disant Mieux vaut payer ici que dans la tombe. » LâĆil du peuple Ă©tait doux comme un Ćil de colombe En le regardant cet homme auguste, son appui ; Tous pleuraient ; quand, plus tard, il fut rentrĂ© chez lui, Beaucoup restĂšrent lĂ sans fermer la paupiĂšre, Et passĂšrent la nuit couchĂ©s sur une pierre. Le lendemain matin, voyant lâaube arriver ; AboubĂ©kre, dit-il, je ne puis me lever, Tu vas prendre le Livre et faire la priĂšre. » Et sa femme AĂŻscha se tenait en arriĂšre ; Il Ă©coutait pendant quâAboubĂ©kre lisait, Et souvent Ă voix basse achevait le verset ; Et lâon pleurait pendant quâil priait de la sorte. Et lâAnge de la mort vers le soir Ă la porte Apparut, demandant quâon lui permĂźt dâentrer. Quâil entre. » On vit alors son regard sâĂ©clairer De la mĂȘme clartĂ© quâau jour de sa naissance ; Et lâAnge lui dit Dieu dĂ©sire ta prĂ©sence. - Bien », dit-il. Un frisson sur les tempes courut, Un souffle ouvrit sa lĂšvre, et Mahomet mourut.
Depuis longtemps, lâĂ©pithĂšte tricolore » se portait mal en librairies tant, hors les albums de cuisine, il nâĂ©tait plus de français, en couverture, que le malaise ou le marasme, quand ce nâĂ©tait le dĂ©vissage et le dĂ©clin, voire le suicide. A cette Ă©ruption dâangoisse collective, il fallait pour antidote non pas la réédition de ritournelles bĂ©ates sur de radieux lendemains, mais la scrutation dâun pessimisme supĂ©rieur, prĂ©venu contre les rĂ©ductions idĂ©ologiques en tous genres. Et afin de contrer ce masochisme chauvin, une cĂ©lĂ©bration lucide de la nation, rĂ©tive Ă toute dĂ©rive nationaliste. En bref, il nous fallait RĂ©gis Debray, notre dernier oracle rĂ©publicain, pour rĂ©apprendre une certaine idĂ©e, quoique toute charnelle, du bien commun. Câest chose faite avec le fulgurant essai quâil vient de livrer et qui, rien de moins, est intitulĂ© Ă la maniĂšre des mĂ©morialistes du Grand SiĂšcle, Du gĂ©nie français ». LIRE AUSSI Bilan de faillite », ou les conseils de RĂ©gis Debray Ă son fils pour quâil rĂ©ussisse sa vie La circonstance qui lâa suscitĂ© a sa part de cocasserie lâElysĂ©e, sans doute par une paresseuse prudence, confie Ă la SociĂ©tĂ© des Gens de Lettres le soin de dĂ©signer le grand Ă©crivain » dont le pavillon français ar Cet article est rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s. Pour lire la suite, profitez de nos offres dĂšs 1⏠Je teste sans engagement En choisissant ce parcours dâabonnement promotionnel, vous acceptez le dĂ©pĂŽt dâun cookie dâanalyse par Google. Paiement sĂ©curisĂ© Sans engagement AccĂšs au service client
ï»ż"On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l'auberge et du gĂźte ; Le regard d'une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois ! On Ă©coute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'Ă©veille, et toute une famille Vous embrasse, une mĂšre, une soeur, une fille ! On dĂ©jeune en lisant son journal. Tout le jour On mĂȘle Ă sa pensĂ©e espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublĂ©es ; On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es ; Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ; On arrive, on recule, on lutte avec effort... - Puis, le vaste et profond silence de la mort !" Hugo, Les Contemplations, IV, XI En 1843, Victor Hugo a perdu sa fille LĂ©opoldine, noyĂ©e avec son mari Charles Vacquerie, lors dâune promenade en barque sur la Seine, Ă Villequier. Elle avait dix-neuf ans. En 1846, Juliette Drouet, sa maĂźtresse, perd une fille de vingt ans, Claire Pradier, morte de tuberculose. Câest en revenant du cimetiĂšre que le poĂšte compose un texte quâil fera figurer dans le recueil des Contemplations en 1856. ProblĂ©matique possible En quoi ce poĂšme, Ă travers lâexpĂ©rience de la mort, propose-t-il une rĂ©flexion sur lâexistence ? I- Le rĂ©sumĂ© dâune vie a- La jeunesse Le poĂšme commence par lâenfance et son insouciance soulignĂ©e par le rythme binaire on vit, on parle, on a le ciel et les nuages / Sur la tĂȘte » puis continue par lâĂ©veil de la vie intellectuelle on lit Virgile et Dante » mais inconscience des menaces qui pĂšsent sur lâhomme on ne comprend pas les avertissements des vieux sages ». On ne sait pas lire non plus la nature ciel et nuages / rejet Sur la tĂȘte », jours gais et sombres, menaces, mais on ne voit que son cĂŽtĂ© charmant » ; le chant des oiseaux dans les bois » sâoppose Ă la tempĂȘte » v. 17. Le poĂšme met lâaccent sur les voyages qui forment la jeunesse et sont source de gaietĂ© ; peu importe lâendroit, pourvu quâil soit charmant » cf quelque », câest-Ă -dire nâimporte lequel ; on rit » de tout, joyeusement », des Ă©clats de lâauberge ». Câest pourtant pendant un voyage dans une auberge » quâHugo apprendra la mort de sa fille LĂ©opoldine. On passe des premiers Ă©mois de lâadolescence, un regard ⊠vous agite », Ă lâamour partagĂ©, on aime, on est aimĂ© » renforcĂ© par la polyptote. b- LâĂ©vocation dâune journĂ©e de jeune homme Une journĂ©e entiĂšre est Ă©voquĂ©e le matin », on dĂ©jeune » repas de midi, tout le jour ». La premiĂšre valeur est la famille ». Le jeune amoureux est devenu pĂšre de famille famille unie et complĂšte, toute une famille » contre-rejet et trois gĂ©nĂ©rations reprĂ©sentĂ©es, on note le mot fille » et le point dâexclamation en fin de vers. Cette famille nous entoure dâaffection, vous embrasse » ; rien ne semble pouvoir entamer ce bonheur » amour » rime avec tout le jour » ! La sĂ©rĂ©nitĂ© est totale on sâĂ©veille », terme qui marque une certaine spontanĂ©itĂ© ; le rythme est parallĂšle toute une famille⊠et trois composants, tout le jour » ⊠et trois composants ; aucune restriction nâest apportĂ©e toute ⊠tout ». Le pĂšre est au centre de cette famille contre-rejet vous embrasse » ; mais celle-ci est au centre de ses pensĂ©es » espoir » pour lâavenir de ses enfants ? Lâautre grande valeur reprĂ©sentĂ©e est le travail ». Le jeune voyageur est maintenant engagĂ© dans la vie professionnelle, mais allusion mĂȘlĂ©e » Ă lâamour » de la famille » DĂ©sormais il sâagit de pensĂ©e » et non plus dâamusements ». Travail apparemment accaparant obligĂ© de lire » en dĂ©jeunant ! Serait-ce aussi lâindice dâune moins grande attention portĂ©e Ă la famille » ? De plus, le journal » a remplacĂ© les livres. c- Les tumultes de lâĂąge mĂ»r Au vers 13, la vie arrive avec ⊠» implicitement, avant il ne sâagissait pas de la vie !? On note dâailleurs que la vie » devient sujet grammatical. Les combats sont menĂ©s sur plusieurs fronts vie affective passions » et non amour, terme soulignĂ© par la diĂ©rĂšse passi-ons », troublĂ©es » cf adultĂšre et/ou amour troublĂ© » par la mort de la fille ; deuil », fĂȘte », mais tout passe » le temps efface mĂȘme le deuil ? ; vie intellectuelle luttes politiques . On jette sa parole » implique la violence, la parole est assimilĂ©e Ă une arme ; sombres assemblĂ©es » hostilitĂ©, renforcĂ©e par les allitĂ©rations en /s/. II- Une mĂ©ditation sur la condition humaine a- Les destinataires de cette mĂ©ditation Apparemment, Hugo sâadresse Ă lâhumanitĂ© tout entiĂšre 22 occurrences du pronom on » inclusif qui englobe tout le monde, contrairement aux je » des autres textes hugoliens. Mais parfois, il sâadresse uniquement Ă des lecteurs ⊠masculins le regard dâune femme ⊠vous agite » ; une mĂšre, une sĆur, une fille » uniquement le sexe fĂ©minin ; on jette sa parole aux sombres assemblĂ©es » pas de vie politique pour les femmes Ă son Ă©poque. b- une philosophie assez pessimiste Ce texte est une sobre mĂ©ditation sur la destinĂ©e humaine. Il prĂ©sente des faits sans commentaire pas une seule question ; trois exclamations bonheur ! », fille ! », mort ! ». Ironie des adjectifs possessifs on se croit propriĂ©taire de quelque chose ! son journal »âŠsa pensĂ©e » ⊠»sa parole » Mais impression de fatalitĂ© lâhomme nâest pas maĂźtre de son destin. Au dĂ©but du texte, on » est sujet, lâhomme agit et dĂ©cide ; au vers 13, puis au vers 15, la vie » et le sort » deviennent sujets ; lâhumanitĂ© est une mer ballottĂ©e au grĂ© du vent. »Le navire, câest lâhomme. » Impuissance et incomprĂ©hension face Ă la rupture de la mort. AprĂšs de nombreux points virgules qui soulignent la continuitĂ©, lâenchaĂźnement des actes dâune vie, les trois points de suspension et le tiret, prĂ©sent dans la premiĂšre Ă©dition marquent une rupture, renforcĂ©e par le puis », seul mot de liaison du texte. Le mystĂšre de la mort est vraiment vaste et profond » ! Ce poĂšme rĂ©sume une vie de lâinsouciance au deuil. Les ciels et les nuages du premier vers laissent place au vaste et profond silence de la mort ». Câest une vision pessimiste de lâexistence qui nous est peinte ici. Ouverture possible avec Demain dĂšs lâaube ». source
InayaPlume d'Eau Nombre de messages 50031Age 61Date d'inscription 05/11/2010Sujet Victor HUGO 1802-1885 On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sam 17 Sep - 010 On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte; on se plaĂźt aux livres des vieux sages; On lit Virgile et Dante; on va joyeusement En voiture publique Ă quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l'auberge et du gĂźte; Le regard d'une femme en passant vous agite; On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois! On Ă©coute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'Ă©veille, et toute une famille Vous embrasse, une mĂšre, une soeur, une fille! On dĂ©jeune en lisant son journal. Tout le jour On mĂȘle Ă sa pensĂ©e espoir, travail, amour; La vie arrive avec ses passions troublĂ©es; On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es; Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand; On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte; Tout vient et passe; on est en deuil, on est en fĂȘte; On arrive, on recule, on lutte avec effort... Puis, le vaste et profond silence de la mort! 11 juillet 1846, en revenant du cimetiĂšre.
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