Enlatin, credere ("croire") signifie avoir confiance en quelque chose, ou plus prĂ©cisĂ©ment, confier sa confiance en quelque chose, ou quelqu'un. Faire confiance, tout est lĂ . Offrir ou non sa traductionavoir confiance en quelque chose dans le dictionnaire Français - Anglais de Reverso, voir aussi 'avoir fiscal',aviron',avoine',avoir Ceverbe est donc un verbe irrĂ©gulier qui ne suit pas les conjugaisons rĂ©guliĂšres du premier ou du second groupe. Le verbe croire est conjuguĂ© Ă  la voix passive. A la voix passive c'est le sujet qui subit l'action, par exemple: « La souris est mangĂ©e par le chat ». Aux temps simples de la voix passive, on utilise exclusivement l 10verbes suivis du datif. Bienvenue sur Apprendre Natur'allemand ! Si tu es nouveau, tu voudras sans doute tĂ©lĂ©charger gratuitement mon Guide pour apprendre l'allemand en 5 minutes par jour Cliquer ici. Bis bald! Dans ce nouvel article je te propose de dĂ©couvrir 10 verbes qui sont toujours suivis du datif en allemand. P ext., fam. Affirmer formellement quelque chose; assurer qu'une chose sera. Je vous promets que je ne le mĂ©nagerai pas. Je vous promets qu'il s'en repentira (Ac. 1835-1935). Pardonne, chĂšre AdĂšle, si pour cela je commence par te dĂ©sobĂ©ir. Je te promets que ce sera la derniĂšre fois (Hugo, Lettres fiancĂ©e, 1821, p.65). Quelle idĂ©e de te NPKqCvt. Passer au contenu du forum forum abclf Le forum d'ABC de la langue française Mise Ă  jour du forum janvier 2019 Remise en l'Ă©tat – que j'espĂšre durable – du forum, suite aux modifications faites par l'hĂ©bergeur. 1 25-11-2011 232104 DerniĂšre modification par rabah75 25-11-2011 232157 rabah75 Membre DĂ©connectĂ© De alger Inscrit 28-09-2011 Messages 299 Sujet faire confiance Ă  / avoir confiance en bonsoir,j'aimerais savoir si faire confiance se constitue qu'avec la prĂ©position a ? , et quand on conjugue le verbe faire je fais confiance se constitue qu'avec la prĂ©position en je fais confiance en lui ? merci La perversion de la citĂ© commence par la fraude des mots. » PLATON 2 RĂ©ponse de yd 25-11-2011 234730 DerniĂšre modification par yd 25-11-2011 234923 yd Membre DĂ©connectĂ© Inscrit 04-02-2011 Messages 2 789 Re faire confiance Ă  / avoir confiance en faire confiance Ă  quelqu'un ou Ă  quelque chose,et en gĂ©nĂ©ral avoir confiance en quelqu'un et quelquefois dans quelqu' TLFi est assez complet 1. Elle avait confiance en lui et lui inspirait confiance. Avec elle, il dĂ©sarmait; il ĂŽtait masque et plastron, dĂ©posait sa brillante insolence; il Ă©tait simple, sincĂšre; il avouait ses craintes, ses Ă©checs, ses La Vie de DisraĂ«li, 1927, p. Confiance admirable, aveugle, candide, filiale, fraternelle, ingĂ©nue, mutuelle, naĂŻve, profonde, sereine, touchante; une belle, inĂ©branlable, merveilleuse, tendre confiance; la confiance d'un ami, du patron; avoir ne pas - confiance en qqn, dans la discrĂ©tion, la parole, la signature de qqn; avoir confiance dans son mĂ©decin; avoir une confiance absolue, sans bornes, sans limites, sans rĂ©serve en qqn; avoir pleine confiance en qqn; avoir toute la confiance de qqn; ĂȘtre l'homme de confiance de la maison; ĂȘtre digne, indigne de confiance; accorder, donner, retirer sa confiance Ă  qqn; donner, inspirer confiance Ă  qqn; gagner, mĂ©riter, perdre, trahir, tromper la confiance de qqn; mettre, placer sa confiance dans qqn; abuser de la confiance de qqn; attendre qqn avec confiance; garder confiance en qqn, ds qqn; s'abandonner, parler avec confiance. Fille lĂ©gĂšre ne peut bĂȘcher. Messages [ 2 ] TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 CONFIANCE, subst. [En parlant d'une relation personnelle]1. [En parlant d'une relation de pers. Ă  pers.] Croyance spontanĂ©e ou acquise en la valeur morale, affective, professionnelle... d'une autre personne, qui fait que l'on est incapable d'imaginer de sa part tromperie, trahison ou incompĂ©tence. Sa droiture m'inspire une confiance absolue. Je crois en elle bien plus qu'en moi Amiel, Journal intime,1866, p. 522.Je ne te connais pas, tu me fais peur... Tu ris de tout ce que j'aime... Tu mens si bien! ... Tu as tout de moi, sauf ma confiance Colette, L'Envers du music-hall,1913, p. 871. Elle avait confiance en lui et lui inspirait confiance. Avec elle, il dĂ©sarmait; il ĂŽtait masque et plastron, dĂ©posait sa brillante insolence; il Ă©tait simple, sincĂšre; il avouait ses craintes, ses Ă©checs, ses dĂ©sirs. Maurois, La Vie de DisraĂ«li,1927, p. Confiance admirable, aveugle, candide, filiale, fraternelle, ingĂ©nue, mutuelle, naĂŻve, profonde, sereine, touchante; une belle, inĂ©branlable, merveilleuse, tendre confiance; la confiance d'un ami, du patron; avoir ne pas - confiance en qqn, dans la discrĂ©tion, la parole, la signature de qqn; avoir confiance dans son mĂ©decin; avoir une confiance absolue, sans bornes, sans limites, sans rĂ©serve en qqn; avoir pleine confiance en qqn; avoir toute la confiance de qqn; ĂȘtre l'homme de confiance de la maison; ĂȘtre digne, indigne de confiance; accorder, donner, retirer sa confiance Ă  qqn; donner, inspirer confiance Ă  qqn; gagner, mĂ©riter, perdre, trahir, tromper la confiance de qqn; mettre, placer sa confiance dans qqn; abuser de la confiance de qqn; attendre qqn avec confiance; garder confiance en qqn, ds qqn; s'abandonner, parler avec confiance.− DR. Abus de confiance. DĂ©lit de diffĂ©rentes formes relevant du code pĂ©nal. Commettre un abus de confiance. Vous avouerez que le procĂ©dĂ© est d'une indĂ©licatesse qui frise l'abus de confiance! Et je me demande sincĂšrement si, aprĂšs cette trahison, je dois me prĂ©senter Ă  nouveau Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 116Rem. L'expr. faire confiance Ă  est ,,nĂ©e du jargon parlementaire. Dans le bon style, Ă©vitez-la. Employez se fier, avoir confiance, s'en remettre, s'en rapporter Ă ... que le tour nouveau a quasi Ă©vincĂ©s`` DuprĂ© 1972.− De confiance. Qui mĂ©rite ou appelle la confiance.♩ Un homme de confiance. Celui Ă  qui l'on confie des charges dĂ©licates, des responsabilitĂ©s. Un domestique, une personne de confiance; ĂȘtre l'homme de confiance de qqn. ♩ Maison de confiance. Titre que se donnent certaines maisons de commerce dont la rĂ©putation de sĂ©rieux est bien Ă©tablie et qui dĂ©sirent impressionner favorablement la clientĂšle. ♩ Mission, place, poste de confiance. Mission, place, poste qu'on ne donne qu'Ă  des personnes dont on est sĂ»r. J'ai Ă  vous charger d'une mission de confiance Meilhac, HalĂ©vy, La Cigale,1877, II, 16, p. 91.2. [En parlant d'une relation de soi Ă  soi reposant sur une certaine connaissance de soi] Belle assurance que l'on peut avoir en ses ressources propres ou en sa destinĂ©e. Avoir confiance en soi, en ses forces, en son jugement; avoir confiance dans sa destinĂ©e, en dans son Ă©toile. Je perds l'enthousiasme et la confiance en moi-mĂȘme, qualitĂ© sans laquelle on ne fait rien de bon Flaubert, Correspondance,1865, p. 1752. Une gĂ©nĂ©ration douillette, sensitive, effĂ©minĂ©e se forme ainsi dans le duvet et dans l'abondance, ... nous nous sentons vaincus d'avance, parce que nous n'avons ni intrĂ©piditĂ©, ni Ă©nergie, ni confiance en nous ou en Dieu. Amiel, Journal intime,1866, p. 208.− PĂ©j. PrĂ©somption. Il se prĂ©tend auteur et ignore l'orthographe. Quant Ă  l'Ă©criture, n'en parlons pas. Enfin, une confiance en lui-mĂȘme, une vanitĂ© EstauniĂ©, L'Ascension de M. BaslĂšvre,1919, p. 34.− Vieilli, rare. LibertĂ©. Je viens de chez monsieur votre neveu; on m'a dit qu'il Ă©tait allĂ© chez vous, et j'ai pris la confiance de venir ici MĂ©rimĂ©e, Les Deux hĂ©ritages,1853, p. 83.B.− [En parlant d'une relation au monde, aux choses] Sentiment de sĂ©curitĂ©, d'harmonie. Climat de confiance 3. ... en contemplant le nid, nous sommes Ă  l'origine d'une confiance au monde, nous recevons une amorce de confiance, un appel Ă  la confiance cosmique. L'oiseau construirait-il son nid s'il n'avait son instinct de confiance au monde? Bachelard, La PoĂ©tique de l'espace,1957, p. Confiance en la providence, en la vie; ĂȘtre, vivre en confiance; attendre, dormir avec confiance; s'armer de courage et de confiance; dormir sur l'oreiller de la confiance. Du jour au lendemain les idĂ©es changeaient; on avait confiance, et puis on dĂ©sespĂ©rait Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 1, 1870, p. 212.Dans mon Ăąme je m'avance, Tout ailĂ© de confiance ValĂ©ry, Charmes, Aurore, 1922, p. 111.2. [En partic. vis-Ă -vis d'une chose, d'un travail, d'un pays, etc.] CrĂ©dit, foi. D'aprĂšs la carte du pilote espagnol, qui ne mĂ©rite aucune confiance Voyage de La PĂ©rouse,t. 2, 1797, p. 2274. Dans Guerre et paix, le prince Bagration, pendant la bataille, apprend de mauvaises nouvelles, mais sa tranquillitĂ© Ă©tonne et rassure les aides de camp qui les apportent. Il a dans l'avenir de la Russie une confiance inaltĂ©rable. Un Ă©chec momentanĂ© ne saurait Ă©branler en lui la certitude du triomphe final. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 303.− SpĂ©c. CrĂ©dit accordĂ© Ă  quelqu'un ou Ă  quelque chose.♩ La confiance des Ă©pargnants est Ă©branlĂ©e; le gouvernement fait renaĂźtre la confiance du pays. ♩ POL. Les dĂ©putĂ©s ont votĂ© la confiance au gouvernement; la confiance des Chambres; refus, vote de confiance; ĂȘtre investi de la confiance de l'AssemblĂ©e. Le comitĂ© secret prit fin le 7 dĂ©cembre, Ă  16 h 30, par un vote de confiance au MinistĂšre. Mais la confiance Ă©tait votĂ©e par une majoritĂ© assez faible Joffre, MĂ©moires,t. 2, 1931, p. 411.Le prĂ©sident du conseil posera-t-il la question de confiance sur les deux projets? Le Monde,19 janv. 1951, p. 5, col. 55. Si, cependant, le prĂ©sident dĂ©signĂ© estime avoir la possibilitĂ© de former un gouvernement, il doit alors soumettre son programme Ă  l'AssemblĂ©e, et lui demander sa confiance. Lidderdale, Le Parlement fr.,1954, p. Loc. et expr.♩ La confiance rĂšgne. ♩ De confiance. Sans discuter, sans critiquer, sans hĂ©siter; sans aucun doute ni mĂ©fiance. Croire, payer, signer de confiance. Les nouveaux venus gobent tout et admirent de confiance Sainte-Beuve, PensĂ©es et maximes,1869, p. 836. Il y a lĂ  des gens de distinction, des gens de naissance... Les condamnerez-vous de confiance et sur parole, ... Scribe, Bertrand et Raton,1833, III, 5, p. 182.♩ Confiance pour confiance, rendre confiance pour confiance. [Richard] n'hĂ©sita pas Ă  leur rendre confiance pour confiance, en se rendant Ă  l'instant mĂȘme sous leurs tentes MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 145.Écoutez, je vais tout vous dire − confiance pour confiance Romains, Les Hommes de bonne volontĂ©,Le 6 octobre, 1932, p. 228.♩ Avoir la confiance chevillĂ©e au corps. Mais Racine avait la confiance chevillĂ©e au corps ... il se laissait prendre aux apparences et ne se souvenait jamais de se mĂ©fier Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 209.♩ Faire Ă  qqn le coup de la confiance fam.. Pour forcer la main du Saint-Esprit, je lui fais le coup de la confiance je jure dans la frĂ©nĂ©sie de mĂ©riter la chance qu'il m'a donnĂ©e Sartre, Les Mots,1964, p. 205.Prononc. et Orth. [kɔ ̃fjɑ ̃s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [xiiies. confience ds DG] 1408 foi en quelque chose, en quelqu'un » Preuves de l'hist. de Bourgogne, III, p. CCLXIII, Ă©d. 1748 d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 469; 2. 1611 assurance, hardiesse » Cotgr.. Empr., avec francisation d'apr. fiance*, au lat. dĂ©r. de confidere confier*. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 6 982. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 10 435, b 7 986; xxes. a 8 792, b 11 222. Bbg. Gougenheim G.. Une CatĂ©gorie lexico-gramm. les loc. verbales. In [MĂ©l. MichĂ©a R.]. Ét. Ling. appl. 1971, pp. 57-58. Chers fans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site Vous trouverez la rĂ©ponse Ă  la question Verbe ne pas avoir confiance en quelque chose . Cliquez sur le niveau requis dans la liste de cette page et nous n’ouvrirons ici que les rĂ©ponses correctes Ă  CodyCross Cirque. TĂ©lĂ©chargez ce jeu sur votre smartphone et faites exploser votre cerveau. Cette page de rĂ©ponses vous aidera Ă  passer le niveau nĂ©cessaire rapidement Ă  tout moment. Ci-dessous vous trouvez la rĂ©ponse pour Verbe ne pas avoir confiance en quelque chose Verbe ne pas avoir confiance en quelque chose Solution MÉFIER Les autres questions que vous pouvez trouver ici CodyCross Cirque Groupe 92 Grille 4 Solution et RĂ©ponse. 1Au sens strict du terme, la confiance renvoie Ă  l’idĂ©e qu’on peut se fier Ă  quelqu’un ou Ă  quelque chose. Le verbe confier du latin confidere cum, avec » et fidere fier » signifie, en effet, qu’on remet quelque chose de prĂ©cieux Ă  quelqu’un, en se fiant Ă  lui et en s’abandonnant ainsi Ă  sa bienveillance et Ă  sa bonne foi. L’étymologie du mot montre par ailleurs les liens Ă©troits qui existent entre la confiance, la foi, la fidĂ©litĂ©, la confidence, le crĂ©dit et la croyance. Depuis la ModernitĂ© pourtant – et la fin du modĂšle thĂ©ologico-politique qui pensait la confiance en termes de foi en Dieu –, nombreux sont ceux qui prĂ©fĂšrent concevoir la confiance comme un mĂ©canisme de rĂ©duction des risques, ou encore comme le fruit d’un calcul rationnel, en laissant de cĂŽtĂ© ce qui nous paraĂźt ĂȘtre une composante essentielle de notre confiance le fait qu’elle place d’emblĂ©e celui qui fait confiance dans un Ă©tat de vulnĂ©rabilitĂ© et de dĂ©pendance. Il ne s’agit pas de croire que la confiance doive ĂȘtre absolue et aveugle, ou que les autres soient toujours fiables et dignes de confiance. Mais il ne s’agit pas non plus de penser que la seule confiance digne de ce nom soit ce qu’aujourd’hui on appelle couramment la self-estime », une forme d’assurance qui permettrait Ă  ceux qui en sont pourvus de ne dĂ©pendre de personne. Certes, sans confiance en soi, rien n’est possible. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut aussi s’ouvrir aux autres, construire un espace de partage, bĂątir avec autrui un projet commun. Pourtant, la confiance en soi relĂšve aussi de la capacitĂ© Ă  crĂ©er des liens. Pour cela, il faut pouvoir aussi croire aux autres, leur faire confiance et accepter le risque de la dĂ©pendance. C’est pourquoi la confiance – nous allons chercher Ă  le montrer – n’est jamais neutre ». Elle est Ă  la fois fondamentale et dangereuse. Elle est fondamentale car, sans confiance, il serait difficile d’envisager l’existence mĂȘme des relations humaines – des rapports de travail jusqu’à l’amitiĂ© ou bien l’amour. Sans confiance, on ne pourrait mĂȘme pas envisager l’avenir et chercher Ă  bĂątir un projet qui se dĂ©veloppe dans le temps. Comme l’expliquent un bon nombre de travaux en sciences sociales, c’est la confiance qui rend possible le dĂ©veloppement de la socialitĂ© [1] et le fonctionnement de la dĂ©mocratie [2]. Mais la confiance est aussi dangereuse, car elle implique toujours le risque que le dĂ©positaire de notre confiance ne soit pas Ă  la hauteur de nos attentes ou, pire encore, qu’il trahisse dĂ©libĂ©rĂ©ment la confiance que nous lui faisons. Lorsque nous faisons confiance Ă  quelqu’un, il nous arrive de croire en lui, sans savoir exactement pourquoi, ou du moins sans pouvoir expliquer les raisons exactes de notre confiance. Mais comment expliquer ce saut » dans le vide ? N’y a-t-il pas lĂ  le risque de glisser dangereusement de la confiance Ă  la crĂ©dulitĂ© ?Confiance et coopĂ©ration2D’un certain point de vue, les ĂȘtres humains aspirent tous Ă  vivre dans un monde certain et stable, dans un univers oĂč la confiance et la bonne foi dĂ©terminent la conduite de ceux qui les entourent ils souhaitent pouvoir compter sur les autres, prĂ©voir leurs comportements et avoir des points de repĂšre. Cela explique qu’ils aient progressivement dĂ©cidĂ© de rĂ©gulariser et de formaliser un certain nombre de conduites et d’attitudes, ainsi que d’institutionnaliser les contrats. Conclure une alliance ou promettre quelque chose, en effet, est une maniĂšre de rendre prĂ©visible et maĂźtrisable le futur, soit parce que l’on s’engage envers un tiers Ă  faire quelque chose, soit parce que quelqu’un nous assure de sa parole. D’oĂč l’importance de la confiance rĂ©ciproque, la confiance Ă©tant, comme l’explique Georg Simmel, l’une des forces de synthĂšse les plus importantes au sein de la sociĂ©tĂ© [3] ». S’il n’y avait pas une confiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e entre ses membres, en effet, la sociĂ©tĂ© pourrait se dĂ©sintĂ©grer. C’est ainsi que Hume, analysant la confiance que met en jeu une promesse acceptĂ©e ou un contrat, explique dĂ©jĂ  qu’ĂȘtre loyal et honorer ses promesses reprĂ©sente une vĂ©ritable obligation celui qui promet se lie Ă  l’avance et s’engage Ă  rĂ©pondre de ses actions dans le futur ; en promettant, il accepte implicitement qu’on lui demande des comptes plus tard sur la maniĂšre dont il aura rĂ©alisĂ© sa promesse ; il donne sa parole Ă  quelqu’un d’autre et contracte, par lĂ , une certaine obligation en autorisant autrui, par la suite, Ă  exiger de lui des actions, des conduites, des prestations. En disant je promets », pour Hume, non seulement j’invite autrui Ă  me faire confiance, mais je l’invite aussi Ă  ruiner ma rĂ©putation si je manque Ă  ce que j’ai promis EnquĂȘte sur les principes de la morale, III, III, 3. Manquer systĂ©matiquement Ă  la parole donnĂ©e signifie d’ailleurs mettre en danger l’existence mĂȘme de la sociĂ©tĂ©. Montaigne le dit bien Notre intelligence se conduisant par la seule voye de la parole, celuy qui la fauce, trahit la sociĂ©tĂ© publique. C’est le seul util par le moien duquel se communiquent nos volontĂ©s et nos pensĂ©es, c’est le truchement de notre Ăąme s’il nous faut, nous ne nous tenons plus, nous ne nous entreconnoissons plus. S’il nous trompe, il rompt tout notre commerce et dissoult toutes les liaisons de notre police » Essais, II, 18. Mais peut-on rĂ©ellement utiliser ce cadre conceptuel lorsqu’on s’interroge sur la nature et la place de la confiance Ă  l’intĂ©rieur de relations affectives comme l’amitiĂ© et l’amour ? Peut-on rĂ©ellement parler de rĂšgles de l’honneur et de la probitĂ©, ou encore d’honnĂȘtetĂ© et d’intĂ©gritĂ© lorsqu’on sait bien que les sentiments sont toujours soumis aux intermittences du cƓur ?De nombreuses Ă©tudes contemporaines sur la confiance se focalisent sur la question de sa rationalitĂ© et cherchent ainsi Ă  rĂ©duire la confiance Ă  une forme de relation rationnelle entre agents moraux. C’est dans ce cadre que s’inscrivent notamment les travaux de Diego Gambetta et de Russel Hardin [4]. S’appuyant sur la thĂ©orie du choix rationnel – qui vise Ă  expliquer la conduite humaine en analysant les motivations en termes d’intĂ©rĂȘts personnels – ces auteurs considĂšrent que l’on ne fait confiance que lorsqu’on attend, en retour, une action avantageuse pour soi. Ce qui revient Ă  dire que la confiance est le rĂ©sultat d’un calcul rationnel qu’on peut faire Ă  partir du moment oĂč l’on arrive Ă  rĂ©unir un certain nombre d’informations concernant le dĂ©positaire Ă©ventuel de notre confiance, ainsi que les consĂ©quences probables de notre acte de confiance. La confiance s’en trouve ainsi dĂ©finie comme un certain niveau de probabilitĂ© subjective », ce qui devrait permettre Ă  un individu de croire que l’autre accomplira ce qu’il attend de lui. Faire confiance Ă  quelqu’un signifierait dĂšs lors envisager la possibilitĂ© d’une coopĂ©ration. Ce qui est d’autant plus crĂ©dible si l’on cherche Ă  saisir les motivations qui peuvent pousser le destinataire de la confiance Ă  se montrer digne » de la confiance reçue. Pour Hardin, en effet, il faut toujours prendre en compte l’intĂ©rĂȘt qu’aurait le bĂ©nĂ©ficiaire de la confiance Ă  s’en montrer digne. Ce qui amĂšne le sociologue Ă  proposer une thĂ©orie de la confiance fondĂ©e sur l’idĂ©e d’intĂ©rĂȘts enchĂąssĂ©s encapsula- ted interests je fais confiance Ă  quelqu’un si j’ai des raisons de croire qu’il sera dans l’intĂ©rĂȘt de cette personne de se montrer digne de confiance, de maniĂšre appropriĂ©e et au moment opportun. Ma confiance repose alors sur le fait que mes propres intĂ©rĂȘts sont enchĂąssĂ©s dans les intĂ©rĂȘts de l’autre elle dĂ©pend du fait que le bĂ©nĂ©ficiaire de ma confiance conçoit mes intĂ©rĂȘts comme Ă©tant partiellement les siens [5]. Pour Hardin, un enchĂąssement de ce genre peut se rĂ©aliser pour diffĂ©rentes raisons, en particulier afin de perpĂ©tuer la relation existante entre deux ou plusieurs partenaires, comme il arrive dans le cas d’une amitiĂ© ou d’une relation amoureuse, ou encore afin de prĂ©server sa propre rĂ©putation dans les rapports Ă  autrui. Mais si ĂȘtre digne de confiance est trĂšs important dans le cadre d’une amitiĂ© ou d’une relation amoureuse, et peut en partie expliquer la confiance qu’on reçoit, sommes-nous rĂ©ellement sĂ»rs que la confiance qui fonde des relations d’amours ou d’amitiĂ© se rĂ©sume rĂ©ellement Ă  un simple enchĂąssement d’intĂ©rĂȘt » ? N’y a-t-il pas toujours, dans le cas de l’amour ou de l’amitiĂ©, des Ă©lĂ©ments affectifs qui Ă©chappent au calcul risques-bĂ©nĂ©fices, et plus gĂ©nĂ©ralement aux composantes cognitives de la confiance sur lesquelles insistent des auteurs comme Diego Gambetta et Russel Hardin ? N’y a-t-il pas une diffĂ©rence irrĂ©ductible entre le fait de se fier Ă  » ou de compter sur » – ce qu’en anglais on dĂ©signe par le terme de reliance – et la confiance trust ?Le saut » dans le vide3Le premier Ă  avoir analysĂ© de façon systĂ©matique la prĂ©sence, dans la confiance, d’une composante autre que cognitive est le sociologue Georg Simmel. Pour lui, la confiance est sans aucun doute une forme de savoir sur un ĂȘtre humain », mais ce savoir englobe toujours une part d’ignorance Celui qui sait tout n’a pas besoin de faire confiance, celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement mĂȘme pas faire confiance [6]. » C’est pourquoi on ne peut comprendre la confiance sans imaginer l’existence d’un moment autre » qui accompagne le moment cognitif » On “croit” en une personne, sans que cette foi soit justifiĂ©e par les preuves que cette personne en est digne, et mĂȘme, bien souvent, malgrĂ© la preuve du contraire [7]. » Simmel relie ainsi directement le concept de confiance Ă  celui de foi, en soulignant le fait que souvent, dans les relations humaines, on a tendance Ă  croire en quelqu’un » sans savoir exactement pourquoi, ou du moins sans pouvoir expliquer les raisons exactes de cette croyance. Il arrive pourtant que, sans en connaĂźtre les motifs, le moi s’abandonne en toute sĂ©curitĂ©, sans rĂ©sistance, Ă  sa reprĂ©sentation d’un ĂȘtre se dĂ©veloppant Ă  partir de raisons invocables, qui cependant ne la constituent pas [8] ». Mais pourquoi le moi s’abandonnerait-il en toute sĂ©curitĂ©, indĂ©pendamment des raisons objectives qui pourraient expliquer la confiance qu’on a en quelqu’un ? Lorsqu’on s’abandonne en toute sĂ©curitĂ© n’y a-t-il pas le risque qu’on soit trahi ? Quels liens existent entre confiance et trahison ? 4De nombreuses difficultĂ©s inhĂ©rentes au concept de confiance dĂ©pendent du fait qu’il ne semble pas y avoir une coĂŻncidence entre la confiance trust et le sentiment de pouvoir compter sur quelqu’un reliance, sur une personne dont les propriĂ©tĂ©s permettent objectivement de dire qu’il s’agit bien d’une personne fiable » reliable. Un individu peut en effet ĂȘtre considĂ©rĂ© comme fiable Ă  partir du moment oĂč il possĂšde un certain nombre de compĂ©tences techniques et morales. Un mĂ©decin, par exemple, est fiable Ă  partir du moment oĂč il semble maĂźtriser son mĂ©tier il montre une compĂ©tence technique qui le rend capable d’un bon diagnostic ; il sait quel genre d’examens il doit prescrire Ă  son patient ; il connaĂźt les mĂ©dicaments indiquĂ©s pour une infection particuliĂšre, etc. Il est aussi fiable lorsqu’il se montre Ă  la hauteur des attentes de ses patients, en Ă©tant Ă  leur Ă©coute, en leur laissant la possibilitĂ© de se plaindre, en leur proposant des soins sans pour autant les leur imposer, etc. ce qu’on appelle des compĂ©tences morales. Est-ce que l’on peut pour autant rĂ©duire la confiance au simple constat de toutes ces compĂ©tences ? 5En rĂ©alitĂ©, rien n’est moins sĂ»r. On peut compter sur » ce mĂ©decin sans pour autant lui faire vĂ©ritablement confiance, c’est-Ă -dire sans ĂȘtre capable de s’abandonner Ă  lui en toute sĂ©curitĂ©. Quelqu’un de fiable et sur qui nous pouvons compter peut nous dĂ©cevoir, notamment lorsqu’il ne remplit pas correctement son rĂŽle et qu’il ne rĂ©pond pas Ă  nos attentes. Mais il ne peut pas nous trahir. Tout simplement parce que nous ne nous sommes pas rendus vulnĂ©rables face Ă  lui. Et vice versa nous pouvons avoir confiance en quelqu’un et nous rendre vulnĂ©rables devant lui, en acceptant de dĂ©pendre de sa bienveillance, sans que rien ne justifie notre confiance en lui. Il peut toujours arriver que, en dĂ©pit de nombreux signes qui indiquent qu’une personne n’est pas tout Ă  fait fiable, on continue Ă  avoir confiance en elle. Il se peut, par exemple, qu’un ami nous ait dĂ©jĂ  fait faux bon Ă  plusieurs reprises ; peut-ĂȘtre, Ă  chaque fois, s’est-on jurĂ© de ne jamais plus compter sur lui. Pourtant, il peut nous arriver d’oublier ses dĂ©faillances et de continuer Ă  avoir confiance en lui ; nous n’arrĂȘtons pas d’espĂ©rer que le bien que nous pouvons tirer de cette relation l’emporte sur la crainte du mal possible. 6Certes, il ne s’agit pas, ici, de nier tout lien entre la reliance le fait de compter sur quelqu’un de fiable et la confiance proprement dite trust. Souvent entre le sentiment de confiance, et donc la certitude qu’on a de pouvoir compter sur quelqu’un, et la confiance, il y a continuitĂ©. Ce qui amĂšne le philosophe Simon Blackburn Ă  parler de la reliance comme d’une sorte de base austĂšre » de la confiance [9]. La fiabilitĂ© de quelqu’un, qu’on peut constater au fur et Ă  mesure qu’on frĂ©quente une personne et qu’on connaĂźt ses qualitĂ©s et ses compĂ©tences, peut alors nous amener progressivement Ă  lui faire confiance. Surtout si l’on arrive Ă  instaurer un vrai dialogue avec cette personne et Ă  lui dĂ©clarer qu’on se fie Ă  elle Ă  partir du moment oĂč nous dĂ©clarons Ă  quelqu’un notre intention de compter sur lui, cette personne peut elle-mĂȘme se sentir motivĂ©e par nos attentes et s’engager dans un processus au bout duquel la confiance rĂ©ciproque peut enfin surgir. Pourtant, en dĂ©pit de tout, la confiance ne dĂ©pend pas directement de notre volontĂ© d’avoir confiance elle n’est pas le fruit d’une connaissance objective ; elle ne se fonde pas sur des standards quantifiables. De mĂȘme qu’elle ne peut ĂȘtre exigĂ©e, la confiance ne se dĂ©crĂšte pas. On fait confiance ou non avec des degrĂ©s variĂ©s de conscience Quand je fais confiance Ă  quelqu’un, je dĂ©pends de sa bonne volontĂ© Ă  mon Ă©gard, Ă©crit Annette Baier. Je n’ai besoin ni de la reconnaĂźtre ni de croire que quelqu’un l’ait sollicitĂ©e ou reconnue, car il y a des choses comme la confiance inconsciente, la confiance non voulue, ou encore la confiance dont celui en qui on a confiance n’est pas conscient [10]. »Dans la confiance, il y a toujours une dimension inexplicable qui renvoie Ă  la toute premiĂšre expĂ©rience de confiance qu’on a eue avec ses parents lorsqu’on Ă©tait enfant. La confiance est liĂ©e Ă  la nature mĂȘme de l’existence humaine, au fait que nous ne sommes jamais complĂštement indĂ©pendants des autres et autosuffisants, mĂȘme lorsque nous avons la possibilitĂ© d’atteindre un certain degrĂ© d’autonomie morale. D’oĂč l’importance de ne pas oublier le rĂŽle de la confiance dans les relations entre les parents et les enfants, Ă  un moment de la vie oĂč les adultes reçoivent un appel de confiance absolue de la part de leurs enfants et doivent ĂȘtre capables, pour les rendre autonomes, de recevoir cette confiance sans la trahir. La confiance des enfants est totale, indĂ©pendamment de la fiabilitĂ© » des adultes. Ce qui explique non seulement leur vulnĂ©rabilitĂ© absolue, mais aussi la grande responsabilitĂ© des parents. Ce n’est que lorsqu’un enfant est reconnu dans ses besoins et accueilli au sein de la famille, qu’il peut commencer Ă  grandir et Ă  devenir autonome, tout en acceptant la fragilitĂ© Ă  laquelle l’expose sa confiance. Comme l’explique Laurence Cornu, les marques de confiance faite instituent l’enfant comme “nouveau-venu” construisant son histoire. Elles constituent des moments qui font Ă©vĂ©nements et avĂšnement, oĂč l’adulte prend le risque de retirer son aide le soutien, l’accompagnement, les roulettes du vĂ©lo, en s’étant assurĂ© que “ça tient”, mĂ©fiance bien employĂ©e, et en assurant l’autre qu’il est capable de “se tenir” [11]. »C’est dans ce mĂȘme cadre que s’inscrit aussi l’analyse de Lars Hertzberg, lorsqu’il explique la diffĂ©rence qui existe entre le fait de compter sur quelqu’un de fiable et la confiance qu’on fait ou qu’on donne Ă  quelqu’un, indĂ©pendamment de ses compĂ©tences spĂ©cifiques, en s’appuyant sur l’expĂ©rience de l’apprentissage lorsqu’on fait confiance Ă  son enseignant on n’exerce pas de jugement Ă  son sujet ; celui qui apprend n’a en principe aucune preuve de la fiabilitĂ© ou de la non-fiabilitĂ© de son enseignant dans la matiĂšre en question [12] ». C’est d’ailleurs parce qu’il fait confiance Ă  son enseignant sans connaĂźtre ses compĂ©tences qu’un Ă©lĂšve peut facilement ĂȘtre trahi. La position qu’occupe l’enseignant vis-Ă -vis de ses Ă©lĂšves, de mĂȘme que celle qu’occupent les parents face Ă  leurs jeunes enfants, donne au bĂ©nĂ©ficiaire de la confiance un pouvoir considĂ©rable. En mĂȘme temps, c’est parce que cette confiance inconditionnelle est lĂ , que le rapport entre parents et enfants de mĂȘme que celui entre les enseignants et leurs Ă©lĂšves peut aussi permettre aux acteurs plus vulnĂ©rables d’évoluer et de grandir, de dĂ©couvrir le monde et de se dĂ©couvrir eux-mĂȘmes. C’est pourquoi ce genre de relations permet bien de comprendre les mĂ©canismes de la confiance. Elle engendre des relations fortes oĂč la dĂ©pendance et la fragilitĂ© se mĂȘlent toujours Ă  la possibilitĂ© d’une transformation du moi et Ă  la dĂ©couverte d’un autre rapport au monde [13]. Mais elle permet aussi d’établir un autre rapport au temps, notamment Ă  l’avenir, en donnant la possibilitĂ© de croire que l’espace des possibles est toujours ouvert Ă  la diffĂ©rence de la peur qui porte chacun Ă  s’enfermer Ă  l’intĂ©rieur d’un univers clos, oĂč rien n’est plus possible, la confiance permet de sortir de la paralysie et de contourner les obstacles. MĂȘme si elle ne nous met pas Ă  l’abri de la dĂ©ception ou, pire encore, de la trahison – car le seul fait d’avoir confiance en quelqu’un implique que le bĂ©nĂ©ficiaire de notre confiance peut exercer un certain pouvoir sur nous –, la confiance s’oppose directement aux impasses de la peur-panique que connaissent aujourd’hui beaucoup de personnes. Le problĂšme, en effet, est que les sociĂ©tĂ©s occidentales semblent aujourd’hui clivĂ©es entre, d’une part, une valorisation de la toute-puissance de la volontĂ© et, d’autre part, une peur obsĂ©dante de tout ce qui Ă©chappe, ou semble Ă©chapper, au contrĂŽle. D’un cĂŽtĂ©, on pense pouvoir tout maĂźtriser, au point de culpabiliser ceux qui Ă©chouent, le manque de contrĂŽle Ă©tant l’indice d’une regrettable dĂ©faillance qu’il faut, tĂŽt ou tard, corriger. De l’autre, on craint l’irruption de l’inattendu on a tellement peur du futur qu’on envisage toute sorte de comportements compulsifs destinĂ©s Ă  neutraliser ce qu’on perçoit comme dangereux. Mais les comportements compulsifs visant Ă  combattre la peur ne font souvent qu’engendrer une angoisse encore plus grande. Le mĂ©canisme n’a alors de cesse de s’autoalimenter, dans une escalade progressive de la peur. Dans un tel contexte, la confiance peut intervenir pour casser ce cercle vicieux, en rĂ©introduisant dans le monde la possibilitĂ© de l’espoir, en poussant chacun Ă  parier de nouveau sur soi-mĂȘme, sur les autres et, plus gĂ©nĂ©ralement, sur l’ et trahison7La confiance humaine contient en elle-mĂȘme le germe de la trahison [14] » et se nourrit tout d’abord des faiblesses et des dĂ©faillances des uns et des autres. Avoir confiance en quelqu’un ne signifie pas pouvoir s’appuyer complĂštement sur cette personne ou attendre Ă  tout moment son aide et son soutien. Avoir confiance, c’est admettre la possibilitĂ© du changement, de la trahison, du revirement. D’un certain point de vue, en effet, confiance et trahison sont intimement liĂ©es. Non seulement la confiance que je peux avoir en un autre n’exclut pas la possibilitĂ© que celui-ci me trahisse, mais c’est aussi justement parce que j’ai confiance en quelqu’un que je peux ĂȘtre trahi par celui-ci c’est le mari qui trompe sa femme ; c’est un proche qui trahit l’ami ; c’est le patriote qui trahit sa patrie. La trahison et l’infidĂ©litĂ© interviennent toujours Ă  l’intĂ©rieur d’un rapport qui se fonde sur la confiance. Certes, Ă  chaque fois qu’elle a lieu, la trahison surprend et blesse, ne serait-ce que parce qu’elle surgit justement Ă  l’intĂ©rieur d’un rapport de confiance. Et cela, indĂ©pendamment de la raison pour laquelle on fait confiance, ainsi que des qualitĂ©s de celui en qui l’on a confiance. Mais confiance et trahison sont, chacune Ă  sa façon, une manifestation d’humanitĂ© l’ĂȘtre humain a besoin de confiance, mais il n’échappe jamais durablement Ă  ses faiblesses. 8Fonder les rapports humains sur la confiance ne signifie pas croire qu’on pourra un jour trouver quelqu’un d’incapable de nous dĂ©cevoir, ni, non plus, qu’on sera capable de ne jamais dĂ©cevoir. Il ne s’agit pas de se croire Ă  l’abri de la trahison. En tant qu’ĂȘtres humains, il nous est impossible de ne pas dĂ©sirer ou ĂȘtre dĂ©sirĂ©s, sĂ©duire ou ĂȘtre sĂ©duits, duper ou ĂȘtre dupĂ©s, fuir ou abĂźmer les choses. Comme l’écrit Kant dans la MĂ©taphysique des mƓurs Ă  propos de l’amitiĂ©, elle est la pleine confiance que s’accordent deux personnes qui s’ouvrent rĂ©ciproquement l’une Ă  l’autre de leurs jugements secrets et de leurs impressions » Doctrine de la vertu, I, II, 47. C’est pourquoi elle permet souvent de se rĂ©vĂ©ler sans faussetĂ©. En mĂȘme temps, les hommes ont tous des faiblesses qu’ils doivent cacher mĂȘme Ă  leurs amis. Il ne peut y avoir de confiance complĂšte qu’en matiĂšre d’intentions et de sentiments, mais la convenance nous commande de dissimuler certaines faiblesses [15] ». MĂȘme si le fait de faire confiance Ă  une personne implique toujours une certaine forme de dĂ©pendance Ă  l’égard des compĂ©tences et de la bonne volontĂ© de cette personne, il existe une diffĂ©rence essentielle entre la confiance aveugle d’un enfant et la confiance que l’on apprend Ă  avoir en l’autre lorsqu’on a la possibilitĂ© de devenir autonome. C’est une chose, en effet, de dĂ©pendre complĂštement de quelqu’un et de s’abandonner totalement Ă  sa volontĂ© et Ă  sa bienveillance ; c’en est une autre d’accepter la vulnĂ©rabilitĂ© dans laquelle nous place le fait mĂȘme d’avoir confiance en quelqu’un, tout en sachant que l’autre peut ne pas rĂ©pondre Ă  nos attentes, qu’il peut ne pas ĂȘtre lĂ , qu’il peut aussi, parfois, abuser de notre toute la diffĂ©rence entre les enfants et les adultes, s’il y a eu la possibilitĂ©, pour l’enfant, d’apprendre Ă  exister par et pour lui-mĂȘme. Mais c’est aussi la diffĂ©rence qui existe entre une conception de la confiance bĂątie uniquement Ă  partir du modĂšle de la foi en Dieu et une conception de la confiance qui prend en compte le fait que les ĂȘtres humains ne sont pas totalement fiables. Avoir confiance, ce n’est pas jouir d’une assurance totale. A la diffĂ©rence de Dieu, l’homme est imprĂ©gnĂ© de finitude. Transposer le modĂšle d’alliance entre Dieu et son peuple aux relations humaines revient Ă  tomber dans le piĂšge de croire que l’homme peut, comme Dieu, ĂȘtre sans failles et sans limites. C’est confondre deux ordres de rĂ©alitĂ©, alors que la foi – c’est-Ă -dire la confiance absolue en un ĂȘtre totalement fiable – ne saurait avoir le mĂȘme statut que la confiance en l’homme. Toute dĂ©marche humaine est une dĂ©marche de vĂ©racitĂ© » et non pas de vĂ©ritĂ© » Seul le Christ est tout entier dans la vĂ©ritĂ©, Ă©crit VĂ©ronique Margron. Ainsi, dans la fidĂ©litĂ© Ă  nos affections, nos amours, il ne s’agit pas de ne pas changer, de demeurer figĂ© dans une maniĂšre d’ĂȘtre, d’aimer. Car c’est alors la mort qui rĂŽde. Le dĂ©sir [
] ce n’est jamais sans surprises. Espace ouvert confiĂ© Ă  des intentions pour la fidĂ©litĂ©, Ă  des nouvelles maniĂšres de se signifier [16]. » A la diffĂ©rence de la foi, la confiance n’est jamais un pur don » elle est quelque chose que l’on construit, pour soi et pour l’autre ; quelque chose que l’on fait » et que, parfois, l’on dĂ©fait ». C’est pourquoi, mĂȘme pour un croyant, elle ne peut se concevoir sur le modĂšle de l’alliance entre Dieu et les hommes, sauf Ă  s’entretenir dans l’illusion de vivre encore dans un Eden oĂč l’on ne ferait qu’un avec Dieu au sein d’une confiance primordiale capable de nous offrir une protection contre notre propre ambivalence. La confiance entre les ĂȘtres humains surgit Ă  partir du moment oĂč l’on s’efforce d’habiter et de sĂ©journer dans un lieu de transit, dans l’espace du va-et-vient de la rencontre. Certes, elle ne peut se dĂ©velopper que dans un monde intelligible, dans un rĂ©seau de significations fondatrices – l’expĂ©rience faite pendant l’enfance d’un point d’appui, de l’amour des parents. Mais elle ne peut survivre que lorsqu’on accepte que chaque personne ait ses zones d’ombre et ses faiblesses. La confiance naĂźt du lien – les tout premiers liens, les liens avec les parents et les proches. Mais sa vĂ©ritable force rĂ©side dans le fait que, mĂȘme si elle demeure Ă  jamais fragile, elle engendre toujours du lien. Notes [1] Voir notamment Niklas Luhmann, La Confiance. Un mĂ©canisme de rĂ©duction de la complexitĂ© sociale, Economica [1973], 2006 et Antony Giddens, The Consequences of Modernity, Cambridge, Polity Press, 1990. [2] Cf. Piotr Sztompka, Trust. A Sociological Theory, Cambridge, Cambridge University Press, 1999 ; Philippe Pettit, Le RĂ©publicanisme, Gallimard, 2004. [3] Georg Simmel, Sociologie. Etude sur les formes de la socialisation, PUF, 1999. [4] Diego Gambetta, Trust. The Making and Breaking of Cooperative Relations, Oxford, Blackwell, 1988 ; Russel Hardin, Trust and Trustworthiness, New York, Russel Sage, 2002. [5] Russel Hardin, CommunautĂ©s et rĂ©seaux de confiance », dans A. Ogien, L. QuĂ©rĂ© Ă©d., Les Moments de la confiance, Economica, 2006, p. 91. [6] Georg Simmel, Sociologie. Etude sur les formes de la socialisation, op. cit., p. 355. [7] Ibid., p. 356. [8] Georg Simmel, Philosophie de l’argent, PUF, 1987, p. 197. [9] Simon Blackburn, Trust, Cooperation and Human Psychology », dans V. Braithwaite, M. Levi ed., Trust and Gover-nance, Nex York, Russel Sage, 1998, p. 32. [10] Annette Baier, Trust and Anti-Trust », Ethics, 96, 2, 1986, p. ligne [11] Laurence Cornu, La confiance comme relation Ă©mancipatrice », dans A. Ogien, L. QuĂ©rĂ© Ă©d., Les Moments de la confiance, op. cit., p. 175. [12] Lars Hertzberg, On the Attitude of Trust », Inquiry, 31, 3, 1988, citĂ© par L. QuĂ©rĂ©, Confiance et engagement », dans A. Ogien, L. QuĂ©rĂ© Ă©d., Les Moments de la confiance, op. cit., p. 137. [13] C’est notamment le cas du rapport complexe entre le prince Mychkine et Nastasia Filippova dans le roman de DostoĂŻevski, L’Idiot. En dĂ©pit du comportement de Nastasia, qui n’hĂ©site pas Ă  l’humilier devant tout le monde, Mychkine fait confiance Ă  cette femme au passĂ© tumultueux et lui confesse son amour pour le Prince, Nastasia est diffĂ©rente de ce qu’elle croit ĂȘtre ; elle est sensible et morale. BouleversĂ©e par l’attitude de Mychkine, la jeune femme commence Ă  changer de comportement et arrive Ă  honorer la confiance du Prince en redĂ©couvrant sa vĂ©ritable nature. Voir, pour une analyse du roman comme exemple du pouvoir subversif » de la confiance, l’ouvrage de Gloria Origgi, Qu’est-ce que la confiance ? Vrin, 2008. [14] James Hillman, La Trahison et autres essais, Payot, 2004, p. 16. [15] Emmanuel Kant, Leçons d’éthique 1775-1780, Livre de Poche, 1997, p. 347. [16] VĂ©ronique Margron, La Douceur inespĂ©rĂ©e, Bayard, 2004, p. 82.

verbe ne pas avoir confiance en quelque chose