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Une première enquête, cependant, a été menée à partir des quarante-deux traductions de Sade en espagnol conservées jusqu’en 2002 à la Biblioteca nacional de Madrid, en Espagne [1], ainsi qu’une étude récente de Juan Carlos Rodríguez Rendón à propos de la réception de son œuvre en Amérique hispanique 1924-2014 [2]. Sade a beau être critiqué et dénoncé par ses commentateurs et éditeurs-traducteurs, la publication de ses textes demeure une valeur sûre pour les maisons d’édition qui souhaitent s’assurer un succès commercial pour un coût premières traductions espagnoles vulgarité et appât du gain2Dès qu’ils furent largement diffusés en France, les textes du marquis furent traduits en espagnol. Les premières versions publiées en nombre significatif datent du début des années 1960 pour l’Amérique hispanique, et des années 1970 pour l’Espagne. Les textes de Sade étaient libres de droits et pouvaient être illustrés pour faciliter la vente. La plupart de ces premières traductions étaient anonymes, sans considération pour le travail du traducteur ; elles allaient du reste être pillées, plagiées d’une maison d’édition à l’autre. Le risque de censure était une valeur ajoutée et favorisait la publication clandestine ou pseudo-clandestine par des maisons d’édition douteuses ayant pour noms Erótica ediciones, editores, coll. Diablo erótico », série Manzana erótica » et dont le siège ou la raison sociale était souvent introuvable. C’est en furetant chez les bouquinistes que l’on peut se faire une idée un peu plus précise, mais toujours incomplète, de la production d’ensemble de l’œuvre sadienne en langue espagnole des deux côtés de l’Atlantique. Cette production a été et reste, comme la qualifie Rodríguez Rendón, massive ». Sa vulgarisation est due en partie aux adaptations cinématographiques par Jess Franco [3] ou Pasolini [4], ou à la bande dessinée par Crepax [5] ou l’Espagnol Raulo Cáceres [6]. Le bicentenaire de la mort de l’écrivain, en 2014, a également relancé les ventes et l’intérêt pour Sade. 3Les couvertures sont à l’image de cette démarche commerciale racoleuse. Les dessins, ou les photos, en général anonymes, affichent une vulgarité certaine, même dans les maisons d’édition respectables ». On trouve parfois des gravures originales ou bien des tableaux anciens, pouvant aller du xvie au xixe siècle, sans que soient jamais données les références pour éviter de payer des droits [7]. De temps à autre on est surpris par des couvertures plus énigmatiques, illustrées de photos vaguement érotiques, comme celle de la Julieta dulcemente pervertida [sic] parue à Mexico en 1961, où deux visages de femmes se faisant face, lèvres entrouvertes, devancent le visage incomplet et sombre d’un homme, en arrière-plan ill. 2. La quatrième de couverture présente un satyre, accompagné d’une légende qui contredit le titre affiché sur la couverture, Julieta doblemente pervertida, et d’un bref résumé de l’œuvre qui conclut par une condamnation de l’auteur. Victime de cette édition peu scrupuleuse, l’œuvre elle-même se voit malmenée. Mal traduite, elle est souvent fragmentaire. Le cas le plus flagrant est celui de Juliette, un des ouvrages le plus fréquemment publiés, mais pratiquement toujours amputé de ses parties II à VI, sans aucune précision. Ces éditions sont sans préface ni notes. La seule véritable édition critique en espagnol reste, aujourd’hui encore, la Justine de Cátedra Madrid, 1985, longuement préfacée et accompagnée d’un ensemble de notes, suivant la norme des volumes de littérature classique » de cette prestigieuse maison d’édition ill. 4.Pénétration indirecte de l’œuvre sadienne en zone hispanique4Avant les premières traductions, au xixe et durant la première moitié du xxe siècle, l’œuvre de Sade pénètre l’imaginaire hispanique indirectement. Des écrivains de langue espagnole ont le plus souvent découvert l’écrivain lors d’un séjour parisien. Valle-Inclán [8], par exemple, est un grand admirateur du marquis. Il le cite explicitement dans ses Sonatas, où le personnage du marquis de Bradomín apparaît comme son avatar, certes esthétisé, selon le goût moderniste de l’époque. Pour le Bradomín des Sonatas, l’horreur est beau » J’aime le pourpre glorieux du sang, et le pillage des villages, et les vieux soldats cruels, et ceux qui violent les vierges, et ceux qui mettent le feu aux récoltes [9]. » Chez Valle-Inclán, les taches de sang se transforment en pourpre glorieux », le divin neutralise le diabolique, et dans la dualité humaine l’angélique l’emporte Sur mon âme est passée l’haleine de Satan embrasant tous les péchés ; sur mon âme est passé le soupir de l’Archange allumant toutes les vertus [10]. » Pour Sade, il y va de sa vie, alors que, pour Valle, il ne s’agit que d’art. Le libertin des Lumières se transforme sous sa plume en sadique mélancolique et raffiné [11]. 5À l’orée du xxe siècle, la revendication de Sade par Apollinaire et par le surréalisme ouvre les esprits européens et outre-Atlantique à un vrai Sade, débarrassé de toute esthétisation. Toutefois, entre 1924 et 1930, les réticences espagnoles face au premier surréalisme français commencent à s’exprimer, et les voix des intellectuels espagnols qui n’épargnent pas le superrealismo s’attaquent aussi aux visions complaisantes, venues d’outre-monts, de la production littéraire du marquis [12]. 6L’œuvre de Mario Praz, La Carne, la morte e il diavolo nella letteratura romantica 1930 [13], a eu un impact non négligeable en terres hispaniques, notamment en Amérique latine, où l’idée d’un héros mystique et beau, transmise par le modernisme, est remplacée par celle d’un Sade qui assume le mal dans l’absolu [14]. Luis Buñuel combat ces résistances espagnoles avec son film L’Âge d’or, qui, dès 1930, rend un hommage à un Sade-Christ issu du château des Cent Vingt Journées de Sodome, divinisant ainsi le premier et humanisant le second en une seule et même image auréolée qui éclaire la fin du film. 7À défaut d’une lecture directe en espagnol de Sade, qui, à cette date-là, n’est pas encore traduit, la première moitié du xxe siècle se complaît à recréer la vie de l’auteur, au point de faire de l’écrivain un être de fiction. Sa vie, désormais, se substitue au texte. On voit paraître la traduction de l’œuvre d’Iwan Bloch, sous le pseudonyme de Dr Eugenio Duehren », intitulée El marqués de Sade, su tiempo, su vida, de la main d’Adela Carboné y Arcos, qui signe sa traduction en 1924 sous le pseudonyme d’Óscar de Onix [15], à Madrid, chez Torrent y Compañía. La traduction est faite par cette actrice et écrivaine d’après la version française parue en 1901. Elle est réimprimée en Amérique latine, au Chili plus particulièrement, en 1933, à l’Imprenta Nacional, établie à Santiago du Chili. Comme l’a souligné Juan Carlos Rodríguez Rendón, l’attente d’informations sur la vie du marquis semble avoir été plus grande dans le monde hispanique qu’en France par exemple, l’essai biopsychologique d’Otto Flake sera publié à Madrid par la maison d’édition Ulises et traduit directement de l’allemand par Manuel Souto en 1931, deux ans avant la traduction tormentosos del Marqués de Sade, Julieta dulcemente pervertida, Mexico, Editorial Internacional, 1961Estudios tormentosos del Marqués de Sade, Julieta dulcemente pervertida, Mexico, Editorial Internacional, 19618Octavio Paz publie dans la revue Sur Buenos Aires, 1949 son poème Le Prisonnier, où Sade est mentionné explicitement [16]. Il avait découvert Sade lors de son séjour parisien entre 1946 et 1951 grâce à Breton. Sa fascination pour le marquis est telle que le Mexicain le lira et le commentera sans cesse jusqu’à la fin de sa vie [17]. Dans ce poème, il salue Sade comme le premier écrivain à avoir compris et systématisé l’érotisme. Sade serait un penseur unique qui nous offrirait non pas une nouvelle morale mais quelque chose de plus grand une idée profondément juste de la nature humaine [18]. 9Face à une Espagne bâillonnée par la censure franquiste durant les années 1950 et 1960, l’Amérique, elle, peut exprimer son intérêt tout particulier pour l’œuvre sadienne, désormais commentée par Klossowski, Bataille, Blanchot, Barthes, Paulhan, et pour la première biographie due à Gilbert Lely. La première traduction d’un texte complet en langue espagnole apparaît dans le premier numéro de la revue Mito [19], à Bogotá, en avril-mai 1955. C’est le Dialogue entre un prêtre et un moribond, suivi d’une postface critique de Jorge Gaitán Durán qui porte le titre Sade contemporain [20] ». L’auteur de la postface, qui se déclare traducteur de l’ouvrage, dit avoir suivi les éditions de ce texte de 1949 aux Presses universitaires de France et de 1953 chez Jean-Jacques Pauvert. Il se montre fier de proposer la première traduction de l’ouvrage en espagnol. À la crainte de l’interdiction de la revue, censurée à cause de cette publication, succède le constat d’une consolidation du périodique grâce à ce texte sadien Lorsque parut le Diálogo entre un Sacerdote y un Moribundo du marquis de Sade traduit par Gaitán Durán, et avec un essai sur l’auteur à cette époque Sade ne circulait pas en espagnol sauf de rares éditions clandestines mutilées, nombreux furent ceux qui crurent à une disparition immédiate de la revue []. Une fois surmonté le premier risque [], eut lieu sa paradoxale consolidation [21]. » Pour cet écrivain colombien, Sade atteindrait la vérité non pas par la raison ou la liberté, comme ses contemporains, mais grâce à son imagination excessive, remplaçant une éthique collective fondée sur l’hypocrisie et les apparences par des éthiques, au pluriel, adaptées à chaque individualité. Cette lecture colombienne, exportée sur tout le continent américain de langue espagnole, doit être comprise dans le contexte de l’influence de l’existentialisme français, et notamment des interprétations de Sade par Camus et Simone de Beauvoir. C’est l’incapacité de Sade à assumer sa finitude matérielle que Gaitán Durán met en relief, suivant les traces de Camus. Dans le Dialogue, ce n’est plus un athée et un homme d’Église qui s’affrontent mais deux systèmes différents, l’un et l’autre nostalgiques d’une transcendance. À la façon de Simone de Beauvoir, le Colombien affirme que Sade accomplit son érotisme par l’écriture. La singularité du texte de Gaitán Durán réside dans son intention il veut diffuser la pensée de Sade comme un modèle à suivre pour les lecteurs de Mito, calqué sur le personnage du moribond. Il publie en 1960 une anthologie sadienne, avec, notamment, Rodrigue ou la Tour enchantée, un fragment de Justine ou les Malheurs de la vertu Justine fuyant du château de Gernande » et un extrait du pamphlet inclus dans La Philosophie dans le boudoir, Français, encore un effort si vous voulez être républicains » De la peine de mort et du vol », avec une préface intitulée Le libertin et la révolution [22] ». Pour le Colombien, l’écriture de Sade révèle la part de jouissance dans l’érotisme, mais aussi de désordre et de destruction. À partir de ce constat, l’écrivain hispano-américain établit un parallèle entre le Dostoïevski de Crime et châtiment et le Sade du cinquième dialogue de La Philosophie dans le boudoir. Gaitán Durán voit dans le libertinage un système philosophique dans lequel le libertin, à force de vouloir dominer l’autre, finit par se précipiter lui-même dans l’esclavage et se complaire dans le masochisme. Il en veut pour preuve le fait que la plupart des libertins sadiens s’adonnent à la sodomie passive, ce qui mènerait à une fragilisation du libertin, à sa féminisation, allant à l’encontre de la révolution qui, elle, serait d’essence virile. Malgré cette analyse phallocentrique, le Colombien attribue une valeur particulière à Sade, qui retourne contre la société les offenses que celle-ci inflige à l’homme. Il fait par ailleurs de Sade un disciple appliqué de Rousseau, au sens où celui-ci verrait dans la civilisation, tout comme le Genevois, un mécanisme de renforcement des structures de domination morale, de sorte que plus l’homme s’approcherait de l’état de nature, plus il serait libre. Ce qui a pu faire de ces penseurs, et en particulier de Sade, des précurseurs du de Sade, Juliette o las Prosperidades del vicio, Madrid, Tusquets, La Sonrisa vertical », 2009Marqués de Sade, Juliette o las Prosperidades del vicio, Madrid, Tusquets, La Sonrisa vertical », 2009Petite histoire de la diffusion de l’œuvre sadienne en espagnol10Avant la période de grande diffusion de l’œuvre sadienne en espagnol, en Amérique latine, qui coïncide avec la levée de l’interdiction de publier Sade en France, des traductions anonymes, sans études liminaires, sont publiées au Mexique. C’est le cas de cette traduction mutilée limitée à la première partie de Juliette doucement [ou doublement] pervertie, sous-titre du livre intitulé Études orageuses du marquis de Sade, éditée à Mexico par Editorial Internacional » en 1961, sans mention du traducteur. À partir de 1965, les parutions se multiplient. En Uruguay est édité un recueil de citations sadiennes sous le chapeau d’Écrits politiques [23]. En 1969 voit le jour une nouvelle Juliette incomplète au Mexique, cette fois au titre plus laconique, car seul figure le prénom de l’héroïne, dont la traduction ne coïncide pas avec la précédente, sauf pour l’anonymat et l’absence de glose critique ou introductive [24]. En plus de l’illustration de couverture, des photogrammes en deuxième de couverture et en frontispice représentent deux femmes une première en tenue légère attachée à un poteau prête à être sacrifiée, et la seconde en tenue sadomasochiste, corset en cuir, bas résille, fouet à la main. Cette même année est publiée à Buenos Aires la pièce de théâtre la plus connue, Oxtiern ou les Effets du libertinage, ainsi qu’une nouvelle extraite des Historiettes, contes et fabliaux [25]. 11En même temps, la censure du livre se fait moins forte en Espagne, et les premiers ouvrages de Sade y voient le jour. Parfois publiées en Espagne, parfois en France, pour être vendues par des maisons spécialisées comme la mythique Ruedo Ibérico au public espagnol avide de livres interdits, les œuvres du marquis sont diffusées généreusement avec des dessous peu soignés, mais des dessus alléchants, suggérant un contenu érotico-pornographique à des lecteurs qui ne connaîtraient de Sade que les pratiques perverses. L’année 1969 marque le début de la diffusion des traductions espagnoles de Sade sur le sol européen, et, pour une fois, de la main de deux traducteurs de qualité La Marquise de Gange, tout d’abord, est admirablement bien traduite par Pere Gimferrer, écrivain, poète et critique averti, et publiée à Barcelone, chez les Llibres de Sirena, et l’Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, traduite par Maria Angels Santa, professeure à l’université de Lleida Catalogne, pour les Clásicos Taber », à Barcelone également. 12Les années 1970, et notamment leur seconde moitié, marquent un tournant dans la diffusion des textes emblématiques, qu’il s’agisse des éditions mexicaines et argentines parues dans les années 1960 ou de nouvelles éditions espagnoles destinées à conquérir un marché avide d’ouvrages libres ». Seront ainsi mises en vente des éditions latino-américaines, comme celle d’Oxtiern o las desdichas del libertinaje 1970 ou Ideas sobre las novelas 1971, auxquelles viennent s’ajouter des éditions espagnoles de plus en plus nombreuses. Les éditions sans mention du traducteur et sans préface, les plus abondantes, côtoient tout de même des traductions de qualité, faites par des professionnels, qui ne se hasardent pas à faire un prologue ou à ajouter des notes, et, plus rarement, par des spécialistes de la philosophie ou de la littérature qui ajoutent un prologue plus ou moins subjectif, dont quelques-uns très intéressants mais passés inaperçus en France. 13Les œuvres de Sade sont soumises à la recherche d’un gain facile. La Philosophie dans le boudoir, par exemple, paraît pour la première fois en Espagne chez Akal, en 1976, sous le titre de La Filosofía en el tocador, après la mort du dictateur. La version espagnole est signée par Mauro Armiño, un excellent traducteur qui se verra décerner, des années plus tard, le prix national de la Traduction par le ministère espagnol de la Culture. L’édition est épuisée et imprimée à nouveau en 1983 alors qu’une autre maison d’édition, ATE, installée à Barcelone et spécialisée dans les petits livres bon marché, fait paraître une nouvelle version sans mention du traducteur, sous un autre titre qui marque la différence La Filosofía del camerín. 14Les années 1980 et 1990 voient coexister la publication des œuvres de Sade et celle des grandes analyses critiques. S’ajoutent aux travaux classiques les études de Foucault et de Lacan, qui guideront désormais la lecture sadienne, surtout en Amérique. En parallèle, à la suite de La Belle Romaine, de Moravia 1947, traduction française de 1953, se multiplient les ouvrages de fiction influencés par la lecture de Sade. Mario Vargas Llosa, par exemple, compose ses romans L’Éloge de la marâtre 1988 et Les Cahiers de don Rigoberto 1997. En Espagne, Tusquets, maison de grande réputation et connue pour son goût pour la littérature érotique, publie en 1984 une traduction de La Philosophie dans le boudoir par Ricardo Pochtar, qui sera récupérée par la même maison d’édition quatre ans plus tard dans la collection du Sourire vertical ». Babilonia, à Madrid, en publie en 1991 une nouvelle version, cette fois-ci de la main de J. Leyva, bon traducteur, avec un nouveau changement de titre La filosofía de alcoba. Dans les années 1990 circule la traduction, toujours sans nom d’auteur, de editores coll. Diable érotique », série Pomme érotique », qui a vu le jour à Buenos Aires, chez les mêmes éditeurs qui avaient sorti auparavant d’autres titres de Sade, telle la Juliette fragmentaire déjà signalée. Après l’édition des œuvres les plus courtes et les moins compromettantes aux yeux de la censure franquiste – La Marquise de Gange, Oxtiern, Idées sur les romans, les Contes et fables trois versions, Les Crimes de l’amour cinq versions, en plus de La Philosophie dans le boudoir quatre versions – paraissent dès les années 1990 et jusqu’à nos jours les œuvres les plus connues Justine dans ses différentes versions, Les Cent Vingt Journées de Sodome quatre traductions, titrées Las Ciento Veinte Jornadas ou bien Los Ciento Veinte Días de Sodoma, et, très tardivement, une première Juliette intégrale chez Tusquets, dans la collection Sourire vertical », sur laquelle on reviendra. Ces livres présentent des caractéristiques communes dans leur facture leurs couvertures, leurs présentations en quatrième de couverture, leurs préfaces lorsqu’il y en a, leurs illustrations, etc., véhiculent un imaginaire hispanique sur Sade dont nous, lecteurs, restons aujourd’hui encore les frivolité et subversion les différentes approches éditoriales et iconographiques15Si la diffusion espagnole des œuvres de Sade semble s’étendre à l’ensemble de son œuvre, son caractère obscène demeure entretenu par l’apparence de série B qu’en donnent le plus souvent les maisons d’édition espagnoles une fois la censure franquiste disparue, au début de la période dite d’ ouverture » et de destape dévoilement » d’images érotiques au cinéma, dans les magazines et dans les livres illustrés. Justine sera la grande victime de cette tendance. Le roman va être publié par le Club internacional del libro, à Madrid, en 1984, dans sa collection Classiques universels de la littérature érotique » la couverture, sur fond ivoire et or, est illustrée par la photo d’un couple d’amoureux de roman-photo sentimental, mais la jeune fille a une jambe dénudée qu’elle exhibe négligemment. Sur le dos, un dessin à pourtour doré montre une dame en déshabillé et posture provocante. Dans la réédition de l’ouvrage par la même maison d’édition, l’année suivante, la couverture est en cartonné couleur sanguine à bordures dorées. On n’y voit désormais plus que le titre ; le dos garde le nom de Sade et un petit dessin d’une jeune femme en chemise de nuit et coiffe, les seins nus, à demi couverte par un drap, tenant un livre minuscule à la main tandis que son autre main demeure cachée sous le drap. Dans la Justine d’ATE Barcelone, 1976, une photo moderne exhibe le corps d’une femme blonde en bikini blanc se laissant tomber en arrière dans l’eau, affichant face au lecteur un sourire exubérant, le tout submergé par une écume blanchâtre qui envahit le reste de l’illustration. La Justine de Mitre Barcelone, 1984 a une couverture couleur pistache avec les lettres de SADE » en grand et en blanc, et celles de JUSTINE » de la même taille et en noir. Sur la quatrième de couverture, on peut lire De Sade, un des auteurs les plus vilipendés de l’histoire de la littérature, qui se vengea de ses détracteurs avec des livres comme celui que nous vous présentons aujourd’hui un des chefs-d’œuvre de la littérature maudite. » 16L’apparence frivole de l’objet déguise la véritable nature subversive de l’œuvre, mais pas aux yeux de tous. 17Déjà dans les années 1970, les traducteurs déclarés, les illustrateurs, les préfaciers se révèlent des militants engagés dans la lutte antifranquiste, progressistes, socialistes, communistes ou libertaires. Les Cent Vingt Journées de Sodome sont ainsi traduites pour ATE Barcelone, 1983 par César Astor, traducteur de russe [26]. La personnalité du traducteur, sympathisant communiste, ne nuit en rien au marketing fondé sur la nature pornographique de l’ouvrage sur la couverture, une photo en noir et blanc coloriée laisse percevoir une jambe féminine avec bas résille et talons aiguilles sur des fesses qui semblent appartenir à une femme. Le titre, Los 120 Días de Sodoma, apparaît par-dessus, en jaune, avec le nom Marqués de Sade » inscrit en bas, en grand, et en blanc. On lit en quatrième de couverture Il s’agit là sans doute de l’orgie la plus scandaleuse et populeuse [sic] jamais narrée par un auteur moderne [27]. En tout cas, cette œuvre est, assurément, une des plus dépravées et des plus effrénées créations du marquis de Sade, où le plaisir et la dégradation se donnent la main. Adaptée au cinéma par le célèbre metteur en scène P. P. Pasolini, sa projection cinématographique suscita le scandale, les protestations et la polémique dans tous les pays où l’on vit sa version de l’ouvrage que nous publions ici aujourd’hui. Jamais le libertinage et le plaisir ne furent poussés à des situations extrêmes aussi voluptueuses que celles qui apparaissent décrites dans ce roman, avec les célébrations gastronomiques et sexuelles organisées par quatre nobles qui se cèdent mutuellement leurs filles en mariage. Mais ces épousailles orgiastiques demeurent en arrière-plan, face à l’exhibition des actes aberrants et abjects commis par les protagonistes sur un groupe de jeunes garçons et de jeunes filles choisis pour procurer des plaisirs qui ne s’arrêtent pas devant l’abrutissement et le crime. » 18Les maisons d’édition plus respectables, comme Akal ou Tusquets, entendent profiter de l’attrait du lectorat hispanique pour les ouvrages du marquis » et les présentent comme des textes à caractère érotico-pornographique. Or, le genre ne saurait s’encombrer de préfaces superflues qui retardent le plaisir à venir. C’est pourquoi elles sont rares, brèves quand elles existent, et toujours dans le ton des quatrièmes de couverture, exception faite de certaines que nous analyserons. Les préfaces courtes, comme celle des Cent Vingt Journées de Sodome d’Antalbe Los 120 Días de Sodoma, Barcelone, 1980, généralement non signées, se limitent à présenter la vie de celui qui, pour beaucoup de gens, incarne le prototype de l’aberration sexuelle la plus haïssable, cruelle et horrible ». Dans cet exemple, le léger avertissement préliminaire », de trois pages en petit format, fournit une biographie de l’auteur soulignant que ses pratiques sexuelles monstrueuses » eurent pour cause un amour contrarié Il dut se marier, pour des problèmes d’argent, avec la sœur de la femme qu’il aimait. » On s’arrête aux affaires de Rose Keller et de l’orgie de Marseille » avant de passer à la Révolution, où il devient terroriste » ; mais il commet l’erreur d’offrir un exemple de luxe de cet ouvrage à chaque membre du Directoire, ce qui lui vaudra son arrestation et son enfermement comme dément à Charenton ». Après ce rapide et singulier parcours biographique, le préfacier anonyme conclut Il fut sans doute un psychopathe ou un maniaque sexuel. Par chance pour l’histoire, pour la morale publique, des Sades [sic], il n’y en eut pas beaucoup. »4Marqués de Sade, Justina o los Infortunios de la virtud, Madrid, Cátedra, 1989Marqués de Sade, Justina o los Infortunios de la virtud, Madrid, Cátedra, 198919Parmi ces brèves préfaces dans les éditions bon marché, une exception mérite d’être signalée elle est signée par Francesc L. Cardona et précède une traduction par Jorge Carrier Vélez des Infortunes de la vertu Edicomunicación Barcelone, 1995. Ce docteur en histoire, en sept courtes pages, montre qu’il a lu Apollinaire, Klosssowski, Blanchot, Lely, Lacan et surtout Simone de Beauvoir, dont il souscrit à l’éclaircissante étude sur le marquis. Il ajoute une perspective personnelle qui le conduit à rapprocher Sade, le Cervantès du Quichotte et le Goya le plus sombre, leur attribuant une même critique sociale par la caricature et l’humour noir alors que, nous rappelle-t-il, ils vivent une époque d’horreur, car on a même affirmé l’existence de tanneries de peau humaine pendant la Terreur ». 20Les illustrations, lorsqu’il y en a, sont en général dénuées de qualité, dans le contenu comme dans la reproduction, et sans rapport avec Sade. Les gravures originales sont rarement incluses. On les trouve dans Sade illustré Sade ilustrado, Madrid, Hiperión, coll. Libros retozones », Livres coquins », 1986 qui reprend les gravures sans le texte et les présente comme 100 illustrations anonymes recréant les scènes les plus osées de Justine et de Juliette [28] », avec une qualité de reproduction bien au-dessus de la moyenne à cette époque pour ce type de livre. Dans la réédition de la même année – qui prouve son succès – apparaît une note de l’éditeur » révélatrice Le lecteur de Juliette ou de Justine pourra s’amuser à retrouver dans les textes [29] les scènes ici évoquées par ces 100 gravures, reproduites au double de la taille originale []. Pornographie ? Bien sûr, tel était le produit que pendant longtemps ont voulu vendre les éditeurs du divin marquis, et ces images étaient l’appât pour amadouer l’acheteur. Reconnaissons cependant qu’au point où nous en sommes, ces illustrations ne peuvent pas concurrencer la florissante cochonnerie [en français dans le texte] qui envahit l’érotisme de nos jours. Ce sont des gravures historiques, de précieux documents de l’époque, ingénument libertins, c’est tout. La pornographie, si elle existait, serait dans le texte. » Voilà l’image innocentée au détriment de l’écriture, dans un argumentaire pour le moins captieux mais cherchant à légitimer la publication de l’œuvre sadienne. Cette note de l’éditeur finit de manière étonnante, nous rappelant que Sade fut le contemporain du peintre des Désastres de la guerre Goya, dont le nom n’est pas cité et que, face à cette guerre, face à toutes les guerres on dirait que l’éditeur pense à la guerre civile espagnole et à ses conséquences, cette pornographie » peut être considérée comme un passe-temps on ne peut plus honnête ». Et de conclure Alors que les Espagnols peuvent enfin avoir libre accès à son œuvre, il est juste que nous jouissions aussi de ce Sade illustré. » 21À côté de la réception érotico-pornographique sur fond libertaire du texte sadien et de ses illustrations, il existe un autre type de lecture que l’on pourrait qualifier de psychanalytique ». Dans Les Cent Vingt Journées de Sodome de la maison d’édition Akal Las 120 Jornadas de Sodoma, Madrid, 1978, le traducteur César Santos Fontenla signe un prologue relativement long. Critique de cinéma, il est également le frère de Fernando, grand traducteur des classiques anglais. L’un et l’autre sont connus pour leur lutte contre la dictature franquiste. La qualité de la traduction va de pair avec celle de la préface, qui éclaire la vie et l’œuvre de l’auteur à la lueur de ses commentateurs – Apollinaire, Bataille, Beauvoir, Blanchot, Brochier, Heine, Klossowski, Lacan, Lely et Nadeau cités en annexe bibliographique –, mais aussi des traumatismes de son enfance, qui expliqueraient ses obsessions sexuelles. La couverture semble suggérer déjà l’approche psychanalytique et renchérir sur l’idée d’obsession la mention SADE » le marquis disparaît ici est suivie du titre, dans lequel chacun des trois O », à la manière des lettres capitales des manuscrits médiévaux, expose la photographie d’un fessier arrondi, d’apparence féminine, avec quelques poils pubiens qui dépassent légèrement. 22La préface annonce une Nouvelle approche des Cent Vingt Journées de Sodome », incluant une présentation volontairement brève de l’auteur, César Santos Fontenla soulignant que la méconnaissance de Sade a diminué dans notre pays ». En effet, ajoute le traducteur, puisque le pays jouit d’une plus grande – mais pas totale – liberté d’expression, les textes de l’auteur ont été édités petit à petit même si, il faut l’avouer, en grande partie mutilés, voire manipulés. » La nouvelle perspective permet au présentateur de conclure que Sade fut un précurseur de la sexologie », un peu comme un psychanalyste de l’Homme qui aurait collectionné toutes les variantes et les aberrations sexuelles dont la nature est capable ». 23La Correspondance de Sade, incomplète, paraît en Espagne en 1975, chez la prestigieuse maison d’édition Anagrama Barcelone sous la direction de Menene Gras Balaguer. Littéraire de formation, critique d’art par vocation, écrivain d’essais brillants, spécialiste d’art asiatique et directrice d’expositions de la Maison d’Asie, elle connaît également bien la littérature française – elle a déjà traduit, par exemple, La Mettrie et Flaubert. Menene Gras consacre, dans cette édition, vingt-quatre pages de préface à la personnalité de Sade, nourries de la lecture de ses manuscrits intimes. Si l’écriture sadienne est une conséquence irrémédiable des effets funestes produits par les sévices qu’il subit », il faut avant tout comprendre selon elle le rapport étroit qui s’établit ici entre l’écriture et le rêve ». Menene Gras propose de se débarrasser de l’homme, qui aurait pu ne pas exister, pour ne s’intéresser qu’à l’œuvre. Pourquoi ne pas démentir, en dernier terme, l’existence de Sade, et affirmer qu’il n’existe pas, qu’il n’a jamais existé, qu’il n’a été que le fruit de son écriture ? C’est sans doute la présence du pervers lui-même qui nous confond. »Deux éditions d’exception la Justine de Cátedra et La Philosophie dans le boudoir de Ruedo Ibérico24Deux cas méritent d’achever ce panorama la Justine ou les Infortunes de la vertu chez Cátedra, maison d’édition madrilène dont l’une des collections pourrait être l’équivalent espagnol de La Pléiade » Gallimard, est publiée en 1985, traduite par Isabel Brouard, qui l’accompagne également d’un texte critique, et La Philosophie dans le boudoir, traduite et préfacée par Agustín García Calvo, pour une première publication en 1975 par la maison d’édition Ruedo Ibérico, installée en France et spécialisée dans la vente de livres interdits dans l’Espagne franquiste, où ils sont introduits et lus clandestinement. Cette édition reproduit les dessins et collages de Bartolí ill. 1 et inclut une longue et magnifique préface du grand philologue classique, philosophe et historien Agustín García Calvo, par ailleurs excellent traducteur du latin. Cette version, avec sa préface, a depuis été rééditée à quatre reprises dans la modeste maison d’édition Lucina, située dans la ville natale du traducteur, Zamora – en 1980, en 1988, en 1998 et en 2005 édition toujours disponible. La traduction est, à nos yeux, exceptionnelle. Même si la maison d’édition est modeste, l’objet est soigné et fait preuve d’une sobriété inhabituelle. La couverture est rouge, certes, mais sans aucune illustration. Le nom de l’auteur, Marquis de Sade » suivant ainsi la tradition espagnole, est présenté en haut, à gauche, en blanc, et dans une police imitant la lettre manuscrite. En bas à droite nous retrouvons le nom du traducteur. Entre les deux noms en blanc, le titre est en noir Instruir deleitando o Escuela del amor, en majuscule et suivi en caractères plus petits et entre parenthèses du titre français La Philosophie dans le boudoir. Les illustrations originales de Josep Bartolí, un dessinateur bien connu pour la qualité de ses images et son engagement démocratique et antifranquiste [30], ne sont pas reprises dans les rééditions chez Lucina. La préface de quarante-trois pages participe aussi de sa valeur la personnalité libertaire de García Calvo, son érudition, sa clairvoyance font de ce commentaire l’un des plus riches apports à l’interprétation de l’imaginaire et de la pensée sadiennes, et le plus injustement ignoré. Par une gradation structurale et épigraphique, numérotée, García Calvo nous guide dans les profondeurs de la pensée sadienne avec une adresse qui n’est comparable qu’à celle de l’auteur qu’il admire. Sa méthode consiste, comme dans le drame sadien, à démontrer, avec une logique implacable, l’inconsistance de la libération sexuelle de son/notre temps face à l’affranchissement total de Sade, qui passerait, selon lui, par la féminisation de l’homme ; un homme qui deviendrait femme, entendant par femme » cet être indéfini à la jouissance infinie. Pour García Calvo, la radicalité et la dimension révolutionnaire de la pensée sadienne résideraient dans la démolition systématique, pierre à pierre, de la construction de Dieu, image typiquement masculine dont la supposée infinitude ne serait qu’un leurre pour cacher la peur du mâle face à cette dimension même, essentiellement féminine. Or, c’est l’infinitude, associée à l’idée d’indéfinition générique, de fraternité de sexes ou de genres, qui, dans l’œuvre de Sade, permettrait de tracer la voie vers la liberté des êtres humains. La magistrale introduction de García Calvo se clôt par une synthèse biographique de de Sade sans a priori moral. 25L’autre édition qui se distingue du reste de la production sadienne en espagnol de cette époque est Justina o los infortunios de la virtud de Cátedra, évoquée précédemment ill. 4. Que Cátedra décide de publier Sade rappelle le choix de Gallimard de mettre l’ Enfer sur papier bible ». La couverture est curieuse. La maison a coutume de commander à ses dessinateurs habituels la reproduction d’images originales pour ne pas avoir à en payer les droits. Ici, Luciano Martín, guère connu, montre une femme allongée par terre, habillée d’une jupe bleue retroussée qui laisse voir un slip blanc et des bas résille qui remontent au-dessus du genou. Toutefois, le portrait de Sade par Man Ray est offert en frontispice comme pour neutraliser cette accroche anachronique. La préface est moins longue que celles que la maison d’édition propose habituellement, et l’appareil critique, réduit à cinquante-cinq notes, est aussi sommaire si on le compare à d’autres livres de cette même collection. Mais, il s’agit d’une première, c’est la seule édition critique d’un texte sadien en langue espagnole. Les notes sont brèves et la préface présente un panorama apocalyptique de la société corrompue de l’Ancien Régime, à l’origine de l’écriture décadente du marquis, coupable d’être né noble à son époque. L’éditrice présente l’art de Sade comme exemple d’une écriture qui méprise le roman, utilisé à deux fins l’exposition de sa doctrine philosophique et la libération de [la] charge d’agressivité » qui était la sienne. Victime de son temps et de ses traumas, il écrit, obsédé, un récit où il se passe toujours la même chose », de là cette possible sensation de monotonie et pesanteur qu’on expérimente lorsqu’on lit l’ouvrage ». Pour, conclut-elle, présenter une idée de l’homme négative », basée sur le matérialisme athée des Lumières » qui se manifeste chez Sade à travers l’érotisme, pour ne pas dire pornographie, et à travers la cruauté à l’infini ». Rien, en somme, dans ce commentaire de la vie et de l’œuvre de Sade qui ne permette une approche nouvelle, plus juste, de l’écrivain. La réception hispanique des nouvelles perspectives venant de France, que ce soient celle de Michel Delon, d’Annie Le Brun ou de Chantal Thomas [31], est tardive, et la grande diffusion du pamphlet de Michel Onfray [32] lors du bicentenaire de la disparition de Sade semble, hélas, consolider cette image réductrice et erronée d’un pervers à l’origine de la déviation sexuelle qui porte son nom. 26Le succès de l’œuvre du marquis se poursuit malgré tout. En 2009 paraît enfin une traduction presque complète de Juliette ou les Prospérités du vice chez Tusquets, présentée toutefois sans les illustrations, sans préface ni appareil critique. Le volume est imposant, il contient tout l’ouvrage en neuf cent soixante-sept pages. La couverture, dans le rose déjà classique de la prestigieuse collection d’écrits érotiques dirigée par Luis García Berlanga, en porte l’emblème un sourire vertical et présente une des gravures les plus connues pour accompagner l’œuvre sadienne une jeune fille nue est pendue par les pieds, retenue par une corde dont l’extrémité est attachée au membre en érection d’une statue de Priape ill. 3. La version est de Pilar Calvo, fine connaisseuse de Sade, puisqu’elle est la traductrice de Justine pour la maison d’édition Libros y Publicaciones periódicas Barcelone, 1984. Elle fait des choix que nous partageons, comme l’usage du vos », anachronique si l’on veut car déjà remplacé à cette époque par le usted » moderne en espagnol, mais qui facilite la mise en contexte des œuvres du xviiie siècle aujourd’hui. L’excessive littéralité nuit à l’aisance de la lecture, mais il s’agit là encore d’un choix du traducteur et de la maison d’édition. 27La plus récente traduction de Sade en espagnol, à notre connaissance, est celle de sa pièce Franchise et trahison, publiée en 2012 dans un volume intitulé Théâtre libertin français Teatro libertino francés et qui fait suite à La Mort d’Agrippine, de Cyrano de Bergerac Madrid, ADE. La préface est signée par Juli Leal, metteur en scène de théâtre et spécialiste universitaire en théâtre français, classique et contemporain, et par moi-même, traductrice et annotatrice. Le projet a été conçu en collaboration avec la prestigieuse Asociación de directores de escena espagnole, qui regroupe tous les gens du théâtre espagnol et édite bon nombre de textes de théâtre mis en scène par les compagnies espagnoles et latino-américaines. Cette édition souligne l’héritage sadien du premier libertinage du xviie siècle et cherche à mettre en valeur un texte souvent ignoré. L’importance du paratexte dans une édition de cent cinquante-six pages permet d’espérer une lecture avisée et plus précise du marquis de Sade ». Le projet que j’ai signé avec Cátedra pour une nouvelle traduction de Juliette, cette fois complète, richement annotée et préfacée dont la publication est prévue pour 2017-2018, laisse augurer un futur solaire à l’écriture sadienne en langue espagnole. 28On peut espérer de nouvelles versions de l’œuvre de Sade en espagnol, mieux traduites, mieux éditées, mieux commentées et illustrées ; ce qui vaut aussi pour Crébillon, dont La Nuit et le Moment a été traduite chez Cabaret Voltaire Barcelone, 2013, pour Nerciat, dont certains textes sont en cours de publication chez ce même éditeur, mais aussi pour des écrivains résolument postmodernes et novateurs tel Jean-Baptiste Del Amo [33], qui ont su affirmer leur singularité à travers un libertinage moins mondain et plus subversif, à l’exemple de celui de Sade. 5François Boucher, Femme debout tournée vers la droite, le visage en profil perdu, estampe d’après Antoine Watteau, Paris, J. Audran et F. Chéreau, 1728François Boucher, Femme debout tournée vers la droite, le visage en profil perdu, estampe d’après Antoine Watteau, Paris, J. Audran et F. Chéreau, 1728 Notes [1] Lydia Vázquez, Sade en español », dans Barcarola Albacete, Espagne nos 61-62, Dossier Sade », coord. M. Concepción Pérez, 2002, p. 257-267. Irene Aguilà-Solana, dans sa communication La réception de Sade en Espagne », présentée au colloque international Sade en jeu », universités de Paris-Sorbonne et Paris-Diderot, 2014, complète la liste en castillan, galicien et catalan et signale des fictions inspirées par Sade, comme El Joc de Sade, El Juego de Sade, de Miquel Esteve, paru en catalan et en espagnol en 2013 Barcelone, Éds B. [2] Communication au colloque Sade en jeu ». Notre article lui est largement redevable. Nous ajoutons quelques traductions, notamment deux éditions mexicaines de la Juliette fragmentée datant de 1961 et 1969. [3] Jess Franco, Justine, 1968. [4] Pier Paolo Pasolini, Salò o le 120 giornate di Sodoma, 1975. [5] Guido Crepax, Justine de de Sade, Paris, Albin Michel, L’Écho des Savanes », 1983. [6] Raulo Cáceres, Justine et Juliette, Paris, Tabou, 2010 trad. française. [7] Dans ce cas, l’image apparaît signée par des professionnels du design graphique Equipo Arcany », Quality Design ». [8] Ramón María del Valle-Inclán, né et décédé en Galice Espagne, 1866-1936. [9] Ramón María del Valle-Inclán, Sonata de Invierno, Revista Literaria Novelas y Cuentos, 1905, p. 183. Traduction Lydia Vázquez. [10] Ibidem, p. 155. [11] Voir Alexandra Beilharz, Le mythe sadien dans la littérature décadente », dans Alain Montandon dir., Mythes de la décadence, Clermont-Ferrand, Presses universitaires de l’université Blaise-Pascal, 2002, p. 257-270. [12] Voir l’article d’Eugenio Montes à propos d’ El marqués de Sade y los niños terribles », Gaceta literaria, 95 1er décembre 1930, p. 5. [13] Mario Praz, traduction espagnole La Casa de la vida et La Carne, la muerte y el diablo en la literatura romántica, Madrid, Acantilado, 1999 trad. française La Chair, la mort et le diable dans la littérature française du xixe siècle. Le Romantisme noir, Paris, Gallimard, Tel », 1998. [14] Voir María del Pilar Pueyo Casaus, Valle-Inclán a la luz del decadentismo europeo y del modernismo hispánico finales del siglo xix- principios del siglo xx, Madrid, Visión Libros, 2003, p. 193. [15] Elle signa ses ouvrages avec ce pseudonyme ou celui de Pedro Massa ». [16] Ce qui choquera bon nombre de souscripteurs de la revue, qui aura à subir protestations et désabonnements à la suite de cette publication. Fait rapporté par Juan Carlos Rodríguez Rendón. Preuve, une fois de plus, que le nom de Sade était bien connu des intellectuels latino-américains même si son œuvre était, elle, méconnue, voire inconnue de la plupart de ces lecteurs. [17] L’ensemble des écrits de Paz concernant Sade a été publié en français sous le titre Un au-delà érotique le marquis de Sade, Paris, Gallimard, Arcades », 1993. [18] Même si l’avis de Paz à propos de Sade a évolué d’un enthousiasme idéalisateur à une critique mitigée il le comparait à Laclos ou à Rousseau et saluait ces derniers comme écrivains supérieurs au marquis, il demeure fidèle à son admiration pour son importance psychologique et philosophique, ce qui marquera la lecture critique ultérieure de Sade en Amérique latine, qui se servira le plus souvent pour l’appréhender du filtre de la psychanalyse. [19] Revue fortement influencée par l’Acéphale de Bataille et ses proches. Un parallèle n’est pas étonnant entre Le libertin et la révolution » de Gaitán Durán et le Sade et la révolution » 1947 de Klossowski, avec un ton plus libertaire chez le Colombien, comme l’a bien souligné Juan Carlos Rodríguez Rendón. [20] Rééditée dans Obra literaria de Jorge Gaitán Durán par Pedro Jorge Gómez Valderrama, Bogotá, Instituto Colombiano de Cultura, 1975, p. 10. [21] Ibidem, p. 10. [22] Ibidem, p. 395. [23] Éscritos politicos de de Sade, Florida, El Timón, 1966. [24] Sade, Julieta, México, Erótica ediciones, 1969. [25] Sade, El Conde de Oxtiern, Buenos Aires, Dos, 1969, et El Presidente burlado, Buenos Aires, Rodolfo Alonso, 1969. [26] Et objet de la haine de l’extrême-droite espagnole, qui voyait en lui un dangereux communiste diffuseur des témoignages contre la célèbre División Azul. [27] Ce qui, par ailleurs, établirait un lien direct entre Sade et les auteurs classiques. [28] Il s’agit des gravures de l’édition originale La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu, suivie de l’Histoire de Juliette, sa orné d’un frontispice et de cent sujets gravés avec soin, en Hollande, 1797. Voir BNF, Réserve des livres rares, Enfer 2507 1-10. [29] Juliette n’avait encore été traduite dans son intégralité ni en Amérique latine ni en Espagne. [30] Josep Bartolí 1910-1995, peintre, scénographe et dessinateur de génie, victime de la guerre civile, quitta l’Espagne, se retrouva dans un camp de concentration français, d’où il s’évada. Il fut arrêté par la Gestapo et envoyé à Dachau. Il put sauter du train et s’échapper au Mexique, où il fit partie du groupe proche de Rivera et de Kahlo, avant de se rendre aux États-Unis. Il devint un scénographe prestigieux à Hollywood et fit partie du groupe 9th Street avec Kooning, Kline, Pollock et Rothko. Il élabora des dessins historiques des camps de concentration français pour les exilés espagnols de la guerre civile. [31] Seule Annie Le Brun connaît une traduction, américaine et récente, d’un de ses livres Sade. De pronto, un bloque de abismo, Buenos Aires, El cuenco de Plata, 2008. [32] La Passion de la méchanceté. Sur un prétendu divin marquis, Paris, Autrement, 2014. [33] J’ai traduit son Éducation libertine chez Cabaret Voltaire, avec un entretien entre la traductrice et l’écrivain en postface 2011. Permis De Construire Film Vf Streaming, Streaming avec sous-titres en Français, permis de construire Regardez tout le film sans limitation, diffusez en streaming en qualitéPermis De Construire Film Vf Streaming, Streaming avec sous-titres en Français Permis de construireTitre original Permis de construire Film Permis de construire 09 March 2022 20222022-03-09 N/A Regarder maintenantWhen his father passes away, a dentist in Paris inherits a plot and the will to build a house on it. The situation becomes tricky when he learns the plot is located in Corsica. Building PermitTitre original Permis de construire Film Building Permit 08 December 2019 20192019-12-08 N/A Oops, this article couldn't be found!Something went wrong. 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Jake-Davis son personnage ne ressent rien, alors Jake démolit un frigo, une machine expresso, les luminaires chez ses beaux-parents, sa propre maison. Dans l’espoir vain d’en entrevoir le mécanisme intérieur... Voilà pour la mé- taphore quinze tonnes. Dans son registre somnambule habituel, Jake Gylenhaal signe une autre performance dingo. "Auteur" de trois films consécutifs qui lui doivent beaucoup Night Call, La rage au ventre et celui-ci, il est passé dans le camp de ces stars à la Brad Pitt qui forcent le passage et s’approprient tout ce qu’elles touchent. À ce stade, on pourrait le regarder dans n’importe quoi. La preuve. Dernières News sur Demolition Casting de Demolition

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