Edwardéveille la curiosité des voisins et surtout des « amies » de Peg. Ses mains-ciseaux sculptent arbres, poils des chiens et cheveux de ces dames ! Il passe même à la télé. Jim, le brutal petit ami de Kim, l’utilise pour un cambriolage où il est pris. Alors tous le rejettent, sauf la famille de Peg et surtout Kim. La haine de la
Fortdu succès de Batman (le plus gros dans l'histoire de la Warner), Tim Burton gagne définitivement la confiance des compagnies de production et peut se tourner vers des projets qui lui tiennent vraiment à coeur. C'est pourquoi il s'attaque avec la romancière Caroline Thomson à l'écriture d'un scénario racontant l'histoire d'un personnage
Edwardaux mains d'argent est un film dense, fantastique, qui peut paraître un peu difficile pour certains CE2. Pour préparer à la séance et placer l' élève en capacité de spectateur actif qui peut réagir, l'enseignant crée « un horizon d'attente » comme en littérature.
Descriptionde l'ouvrage : Une parabole. Le personnage d’Edward, précis dans sa bizarrerie, ainsi que son aventure, aux couleurs si claires, aux limites si bien taillées, appellent explicitement une lecture de notre part. En tant que spectateur ordinaire de Tim Burton – et non en tant que spécialiste ou pédagogue –, nous sommes
Quatrièmefilm du réalisateur, Edward aux Mains d'Argent est un conte enchanteur où l'on retrouve tout ce qu'on aime chez Tim Burton. Un univers incroyable, la musique de Danny Elfman et une des meilleures prestations de Johnny Depp et Winona Ryder. Si vous devez n'en voir qu'un seul, c'est celui-ci. CAMILLE FNAC Paris - Champs-Elysées
Ifqp. Edward aux mains d’argent, réalisé par Tim Burton en 1990 et mettant en vedette les très jeunes Johnny Depp et Winona Ryder, est, pour beaucoup, le chef-d’œuvre de ce réalisateur. Il possède excellente une bande originale, composée par Danny Elfman, qui depuis fait office de référence en la du film Edward aux mains d’argent attire l’attention dès le générique avec des objets qui rappellent d’autres œuvres de l’auteur, comme Nightmare before Christmas 1993. Les premières images du film montrent un vieux manoir poussiéreux mais aussi magique, nous avertissant par la même que nous pénétrons dans “l’Univers de Tim Burton“.Sous forme de conte, de fable presque, mêlant fantaisie et vie quotidienne, Burton présente un film rempli d’émotions et de sentiments. Il donne vie à une histoire dans laquelle deux messages se détachent l’importance d’accepter les différences et de laisser de côté les préjugés .Edward aux mains d’argent est une histoire très personnelle, hautement autobiographique, bien qu’elle soit présentée de manière fantaisiste. Burton lui-même a souvent parlé des problèmes rencontrés dans son enfance ; en effet, il s’est toujours défini comme solitaire, et même “bizarre”. Même son ex-épouse, Helena Bonham Carter, a reconnu en lui certaines caractéristiques du syndrome d’ aux mains d’argent, une histoire pleine de contrastesBurton présente le film comme l’histoire qu’une vieille femme raconte à sa petite–fille et, à partir de là , nous entrons dans le fantasque. Tout commence dans un quartier coloré rempli de jardins et de maisons individuelles. Nous n’y trouvons aucune voiture, ni porte, ni vêtement qui soit de couleur noire. Parmi toutes ces couleurs, se dresse, au fond et au sommet d’une colline, un vieux manoir, pratiquement en ruines ; gris et noir, dont l’aspect rappelle beaucoup le cinéma expressionniste premier personnage que nous connaissons est Peg, mère de deux enfants, qui travaille pour l’entreprise de cosmétiques Avon. Dans une tentative désespérée pour vendre ses produits, Peg décide d’entrer dans le mystérieux manoir. À son arrivée, elle rencontre des arbres étranges qui ont été sculptés en imitant des formes animales et manoir, qui semblait si sombre de loin, dispose d’un magnifique et coloré jardin totalement inattendu, lequel fait office de préalable à l’extraordinaire monde intérieur de celui qui y réside. La musique joue un rôle fondamental lorsque Peg entre dans le s’attendait assurément à rencontrer quelque chose d’effrayant, de bizarre ; cependant, elle se retrouve dans un environnement magique et merveilleux, avec des sculptures pleines de sensibilité. Le manoir est complètement négligé à l’intérieur, rempli de poussière et de toiles d’araignées ; certaines coupures de presse collées sur un mur sont mises en évidence, coupures sur lesquelles nous pouvons lire des titres comme “enfant né sans yeux lit avec ses mains”. Peu de temps après, nous rencontrons Edward, l’étrange résidant, qui possède une particularité inattendue dans la mesure où, à la place des mains, il possède des contact avec le monde et les relations socialesDès le début, Edward présente une innocence extrême. Il le fait lorsqu’il se réfère à son père en disant qu’il “ne s’est pas réveillé”, faisant ainsi clairement allusion à son ignorance du monde, de la vie et de la mort. Peg, fascinée par les cicatrices causées par les ciseaux, décide d’essayer sur lui ses produits cosmétiques et l’invite chez partir de ce moment, nous observerons toutes les difficultés d’Edward pour vivre en société, pour distinguer le bien du mal, le profond rejet dont il fait l’objet initialement de la part des voisins, et leur fascination lorsqu’ils découvrent qu’ils peuvent tirer profit de ses compétences en tant que jardinier et coiffeur. Les voisines représentent le côté malsain de l’être humain, mettant en scène une pensée collective, et sont le fidèle reflet de la façon dont cette idée change en fonction des circonstances, de sorte que leur opinion sur Edward n’est en rien personnelle, mais nous montre combien il est difficile d’être accepté lorsque nous sommes différents des autres. Edward éveille de la curiosité chez certains, de la peur chez d’autres. Nous pouvons observer comment les voisines se dédient à commenter tout ce qui se passe dans le quartier, à répandre des rumeurs, à critiquer Peg et son étrange s’intègre très bien dans la famille de Peg, établissant une très bonne relation avec son jeune fils et son mari. Cependant, lorsqu’il rencontre Kim, leur fille adolescente, certains sentiments se réveillent chez Edward, mais il n’est pas en mesure de les exprimer. La relation avec Kim est difficile au début à cause des préjugés de cette dernière, mais avec le temps, elle verra en Edward la personne qu’il est réellement et le grand cœur qu’il possède.“-Kim enlace-moi. -Edward Je ne peux pas”Edward commence à susciter l’admiration chez les voisins pour ses qualités de coiffeur et de jardinier, sa popularité augmente, à tel point qu’il lui est proposé de créer un salon de beauté. Edward et Peg assistent en tant qu’invités à une émission de télévision où ils expliquent le cas d’Edward, et le public fait des commentaires et posent des questions. Il est curieux de constater à ce moment que lorsque le différent devient une attraction, il engendre de la fascination. Edward n’est pas différent, il est spécial.“-Public Mais si vous aviez des mains, vous seriez comme n’importe quelle autre personne. -Edward Oui, je suppose. -Présentateur Il aimerait sûrement. -Public Alors personne ne penserait que vous êtes spécial, vous ne passeriez pas à la télévision ni ne seriez populaire. -Peg Quoi qu’il arrive, Edward sera toujours spécial”Ce qui est “différent” effraieLes conflits réapparaissent lorsque Edward accepte d’aider Kim et son petit ami à commettre un acte délictueux à partir de cet instant nous revenons la négation de ce qui est différent. La société commence à le percevoir comme un monstre, comme quelqu’un qui doit être éliminé car dangereux. Les voisines qui admiraient tant son talent ont désormais peur, inventent des histoires et veulent le voir Burton procède à un petit clin d’œil qu’il convient de souligner. Il s’agit d’une scène où Edward est poursuivi par le voisinage, il est seul, tout le monde veut le voir mort … Mais un chien s’assoit à côté de lui, Edward lui coupe alors sa frange afin que l’animal puisse mieux voir et ce dernier lui montre sa reconnaissance. Ce petit instant est vraiment magique. Burton nous montre ici comment les préjugés sont quelque chose d’inconnu des animaux, lesquels peuvent parfois se montrer plus compréhensifs que de nombreuses présente un personnage dépourvu de méchanceté, avec des problèmes sociaux eu égard au fait d’avoir vécu trop longtemps isolé à cause de sa condition particulière. Rares sont ceux qui voient en Edward un homme bon et innocent. Le manoir est un reflet de cette personnalité, avec de grandes, imposantes et sombres grilles qui servent de bouclier afin de protéger ce jardin magique plein de a beaucoup entendu parler de Burton et de son éventuel syndrome d’Asperger, et il est difficile de savoir avec certitude quelle a été l’enfance et la vie du réalisateur. Nous pouvons toutefois apprécier certaines caractéristiques de ce syndrome dans le personnage d’Edward, telles que sa maladresse avec ses mains, ses problèmes d’adaptation et son profond monde intérieur. Indubitablement, Edward aux mains d’argent nous offre une merveilleuse leçon d’acceptation, nous enseigne à ne pas avoir peur des autres sensibilités et à regarder davantage au fond des personnes.“Parfois, je danse encore sous la neige.” -Kim dans Edward aux mains d’argent–
Saga Tim Burton Edward aux mains d’argent 1990 EDWARD AUX MAINS D'ARGENTEDWARD SCISSORHANDS Résumé Créé par un inventeur mort avant de l’avoir terminé », Edward vit seul dans un château abandonné. C’est là que Peggy, représentante en cosmétiques, le trouve et le ramène chez elle. Avec ses mains-ciseaux, Edward devient pour un temps la coqueluche du quartier. Critique Un des films les plus connus de Tim Burton qui commence à imposer sa patte. Des éléments, comme la banlieue où se passe l’action ressemble à celle de Beetlejuice mais, cette fois, l’ironie grinçante du réalisateur en donne une interprétation toute personnelle. Si le film a d’indéniables qualités, il ne développe pas grand-chose une fois passée la scène d’exposition initiale. Le déroulé est extrêmement linéaire, ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas intéressant, mais il s’avère sans véritable surprises. Visuellement, c’est bluffant. D’entrée de jeu, le réalisateur pose une dichotomie révélatrice. La banlieue sans nom est colorée jusque dans les voitures ! mais abrite des gens absolument conformistes sur lesquels Tim Burton pose un regard acide. Les commères » du quartier, la dénommée Joyce en tête, en prenne pour leur grade dans un jeu de massacre permanent. Elles sont pathétiques, suiveuses, girouettes et autocentrées. Quelque part, cette banlieue est un peu celle de George Clooney dans son Suburbicon même si Burton place son film dans son époque. En contraste, le château où vit Edward est gris mais Edward lui-même se montre chaleureux. Le château est en hauteur quand toutes les maisons, identiques, sont posées à plat. Le propos du réalisateur est clair et net Edward n’appartient pas à notre monde. Tout le propos du film tient en l’acceptation pour un temps d’Edward mais, à part le voir faire de la taille de tout un tas de trucs, que se passe-t-il ? Le pique-nique de présentation et le passage à la télévision d’Edward ont un côté bête de foire » dérangeant au fort contraste entre le monstre gentil » et le public intrigué ou bassement intéressé. La causticité de Tim Burton se lit aussi dans cette scène où une femme prend littéralement son pied en se faisant tailler les cheveux. C’est grotesque et il est évident à qui va la sympathie du réalisateur. Plus intéressant, c’est l’évolution de la relation entre Kim, la fille de Peggy et Edward. D’abord franchement hostile ils ont mal commencé c’est vrai !, elle évolue vers plus de sympathie et une profonde affection. Le film ne raconte pas grand-chose mais il y a tout de même une évidence c’est un conte de fée. Pratiquement, une nouvelle version de La Belle et la Bête. Si on oublie ça, le film devient illisible. Comment comprendre que personne ne se soit soucié du château abandonné ? Comment vivait l’inventeur ? Le décor du château n’a absolument rien de réaliste et, lorsque l’on verra des moments du passé d’Edward, c’est une impression d’irréalité poétique que nous éprouvons. Un mélange du gothique et du mécanique mais moins abouti que, plus tard le montrera Crimson Peak. L’idée de Tim Burton était d’arracher Edward à son contexte de conte de fées pour le placer dans le cadre déconcertant des banlieues normalisées privées de sensibilité artistique et qui doivent beaucoup aux souvenirs du jeune Burton. Pour ce dernier, Edward est l’incarnation physique de la solitude. Pour lui, les monstres sont des incompris. Edward est le premier d’entre eux. La Fox avait d’abord pensé à Tom Cruise pour incarner Edward, ce qui aurait été une idiotie complète car Edward n’est pas un héros mais un anti-héros. Burton voulait que le public regarde Edward sans a priori et a choisi pour cela un quasi-inconnu, Johnny Depp. C’est une réussite complète qui lança la carrière du comédien qui devint un des piliers de l’univers Burton. Durant tout le film, le visage de Johnny Depp est peu expressif mais tout passe par le regard, par la gestuelle et c’est peu à peu qu’Edward s’humanise. C’est le rôle de Kim à qui Wynona Ryder apporte une force qui se révèle peu à peu. C’est à partir du moment où le personnage prend davantage d’importance que le récit bascule. D’abord le visage dur et le corps raide manifestant une vraie hostilité envers Edward, Kim se détend, apprivoise autant qu’elle est apprivoisée magnifique et très poétique scène de la danse sous les flocons et l’actrice rend excellemment compte de l’évolution des sentiments de son personnage. Le film a un dernier titre de gloire et il est tout à l’honneur de Tim Burton dont il montre la fidélité à ceux qu’il admire. Le rôle de l’inventeur, qui crée et élève Edward, est tenu par Vincent Price. Le grand acteur américain, héros des films d’horreur des années 1950 et 1960, était pratiquement tombé dans l’oubli. Très âgé et malade, c’est son dernier rôle mais, grâce à Tim Burton, il a pu sortir la tête haute. Anecdotes Sortie US 6 décembre 1990. Sortie France 10 avril 1991 Le budget était de 20 millions $ et a rapporté 86 $ Scénario Caroline Thompson, d'après une histoire de Tim Burton et Caroline Thompson. Caroline Thompson, lectrice-analyste de scénario, avait publié un roman d’horreur intitulé Premier né » où un fœtus revenait hanter une femme qui avait avorté. Burton l’avait lu et avait été frappé. Son agent les fit se rencontrer. En ayant vu le dessin d’un garçon ayant des ciseaux à la place des doigts, elle s’est écriée N’en dites pas plus, je sais exactement de quoi je vais parler ! » et elle écrivit 70 pages de synopsis. C’est fondamentalement l’histoire que nous avons filmé » dira Burton. A la base, ils envisageaient une comédie musicale. Tim Burton considère ce film comme son plus personnel » A l’origine, il y a un dessin fait depuis longtemps. Il représentait un personnage qui veut toucher tout ce qui l’entoure, mais ne peut le faire, et dont le désir créateur est en même temps un désir destructeur, une ambivalence qui a refait surface au moment de mon adolescence. J’avais alors beaucoup de mal à communiquer avec le reste du monde » cité par Antoine de Baecque, Tim Burton, Cahiers du cinéma. Il a aussi dit Il y a en [Edward] une merveilleuse souligné par Burton sorte de tristesse. Ce n’est pas une tristesse mauvaise, c’est juste l’étoffe de la vie ». Pour mettre le film en chantier, Tim Burton créa sa propre boîte de production. De Johnny Depp Tim m’a montré plusieurs dessins de cet Edward. J’avais lu le scénario bien sûr, mais les dessins de Tim disaient tout. J’ai tout de suite senti le personnage, il s’est glissé à l’intérieur de moi » interview au New York Time Magazine du 9 novembre 2003. En 1991, Tim Burton mit en chantier un documentaire Conversations avec Vincent mais la mort de l’acteur ne lui permit pas d’achever ce projet. Le tournage se déroule dans une communauté sise à la périphérie de Dade City, comté de Pasco en Floride. Une cinquantaine de maisons individuelles durent cooptées et les résidents relogés dans un motel du coin pendant trois mois, le temps que les équipes du tournage repeignent leurs demeures en pastel écume des mers », jaune bouton d’or », couleur chair », bleu sale », réduisent la taille des fenêtres pour donner une ambiance paranoïaque » et aménagent des jardins paysagers. A l’entrée du site du tournage, une pancarte avertissait d’éventuels acheteurs qu’en temps normal, ces propriétés ne ressemblaient pas du tout à cela. Le manoir gothique fut lui construit sur le terrain de tournage de la Fox. Le tournage fut éprouvant à cause de la chaleur 40°, de l’humidité et des nuisibles. Johnny Depp/Edward acteur américain né John Christopher Depp II, il se fait réellement connaître avec ce rôle. Il a également tourné dans Arizona Dream 1992, Donnie Brasco 1997, Las Vegas Parano 1998, Le Chocolat 2000, From Hell 2001, Pirates des Caraïbes 2003, 2006, 2007, 2011, 2017, Public Enemies 2009, Transcendance 2014, Into the wood 2015, Alice de l’autre côté du miroir 2016, Le Crime de l’Orient-Express 2017. Vincent Price/L’inventeur acteur américain 1911-1993 débute au théâtre en 1935 et jouera sur scène jusqu’en 1978. Il débute au cinéma avec Service de luxe 1938. C’est avec Laura 1944 qu’apparaît son personnage de dandy à l’allure inquiétante. Il devient emblématique du cinéma d’épouvante L’homme au masque de cire 1953, La mouche noire 1958, La chute de la maison Usher 1961, La chambre des tortures 1961, Le Corbeau 1963, La malédiction d’Arkham 1963, Je suis une légende 1964, Le cercueil vivant 1969, L’abominable docteur Phibes 1971, Théâtre de sang 1973. Il devient plus rare ensuite mais est appelé pour du doublage Vincent 1982, court-métrage de Tim Burton, Les treize fantômes de Scooby-Doo 1985, Basile, détective privé 1986. Dianne Wiest/Peggy Boggs actrice américaine active sur les deux écrans. Au cinéma, elle a joué dans La Rose pourpre du Caire 1985, Hannah et ses sœurs 1986, les ensorceleuses 1998, L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux 1998, Rage 2009. Pour la télévision, elle a joué dans En analyse 2008-2009 et Blacklist 2014 mais est surtout connu pour sa participation à New York Police Judiciaire 2000-2002. Alan Arkin/Bill Boggs acteur américain, il arrête ses études pour former un groupe de musique et débute au théâtre et obtient un Tony Award pour son rôle dans la pièce Enter Laughing. Au cinéma, il a notamment joué dans Les Russes arrivent 1966, Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie, Seule dans la nuit 1967, Le cœur est un chasseur solitaire 1968, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express 1976, Big Trouble 1986, Bienvenu à Gattaca 1997, Little Miss Sunshine 2006, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, Max la menace 2008, Argo 2012. Wynona Ryder, déjà présente dans Beetlejuice, incarne Kim, la fille des Boggs. Retour à l'index
Edward aux mains d'argent », un film de Tim Burton 1990 Le talon d'Achille d'un cinéma qui accorde une place importante à l'imaginaire et au merveilleux se situe peut-être dans la confrontation avec les autres formes d'imaginaires que cette imagination rencontre lorsqu'elle étend sa toile. Elle aurait tendance à dévaluer, caricaturer voire tout simplement nier les imaginaires qui ne lui ressemblent pas, ainsi que toute personne, au premier coup d’œil, qui serait de son point de vue dénuée d'imagination, comme si cela était possible. Plusieurs films de Tim Burton, Edward aux mains d'argent en tête, traduisent ce constat. Ils en jouent même délibérément puisqu'ils permettent au cinéaste d'afficher sa singularité incomprise et de prendre sa revanche sur ceux qui lui ont collé un étiquette durant sa jeunesse. Comme nous avons essayé de le montrer dans un précédent texte, l'imaginaire de Tim Burton est policier il juge, hiérarchise, oppose, nie. C'est un imaginaire qui se mérite et qui semble avoir besoin de se déployer en opposition avec autre chose que lui-même. Tout le monde ne peut pas y accéder, à l'image de ces pauvres gens aux goûts mainstream, ces sales gosses narcissiques, ces ados abrutis par la bière ou ces pères beaufs fans de baseball qui peuplent sa filmographie. Ce phénomène n'est pas lié à la trajectoire décadente qu'a connu le cinéma de Tim Burton. Il était déjà pleinement à l’œuvre dans Edward aux mains d'argent, qui est pourtant considéré comme son film le plus personnel et un des meilleurs films des années 90. Or, dans Batman, une commande réalisée un an plus tôt, cet imaginaire policier s'efface au profit de l'unité diégétique héritée du comics où les imaginaires des personnages se retrouvent égaux entre eux. Faudrait-il alors revoir la filmographie de Burton au prisme de l'opposition entre film personnel et film de commande ? Ses films ne sont-ils pas plus riches et stimulants lorsqu'ils laissent au placard leur esprit revanchard ? Edward aux mains d'argent » et son imaginaire policier Le prologue d'Edward aux mains d'argent présente l'enfant burtonien par excellence. Il neige et le petit ange est couché bien au chaud dans son lit en attendant que sa grand-mère lui raconte une merveilleuse histoire. Ce sera celle d'Edward, une créature inachevée créée de toute pièce par un inventeur qui habite dans un château surplombant une petite banlieue américaine. Celle-ci se caractérise par la multitude de couleurs qui s'en dégagent, tout y semble joyeux et agréable. Mais il ne faut pas s'y tromper derrière les apparences se cache un quotidien triste et sans saveur. Les maris partent travailler à la même heure pendant que les femmes restent au foyer à pinailler et converser entre elles. Peg Dianne Wiest nous fait la visite du quartier. Vendeuse de produits cosmétiques, elle se rend sans succès chez ses "amies" avant de prendre la décision farfelue de monter jusqu'au château. Dans le rétroviseur de la voiture de Peg, celui-ci apparaît, en opposition avec les couleurs de la banlieue, dans toute sa laideur. Sauf qu'une fois sur place, Peg est accueillie par un magnifique jardin où chaque plante est taillée à la perfection. Tim Burton installe ici une première opposition. Vu de loin, le château ne mérite pas le coup d’œil, il est même plutôt effrayant. Une fois sur place, par contre, ce qui était dissimulé à l’œil de l'individu maussade d'en-bas se dévoile dans toute sa splendeur ce jardin secret n'était pas accessible pour tout le monde. Peg trouve Edward dans le grenier. Il dort sur un lit entouré de photos découpées dans des magazines. Ce petit détail prouve qu'il possède un univers bien à lui en opposition avec les intérieurs froids de la banlieue. Seule Kim Winona Ryder, la fille de Peg, a une chambre aussi décorée que la sienne. Ce n'est pas un hasard s'ils tomberont amoureux puisque ils ont au moins en commun un imaginaire riche. Peg décide donc d'amener Edward en ville et de le loger dans sa propre maison. Ce drôle d'individu déchaîne rapidement les passions autant que la curiosité des femmes du quartier. Une d'entre elles, Joyce Kathy Baker, sort du lot. C'est la nymphomane et la figure la plus singulière. Peg n'a pas d'autres choix que de présenter Edward pour qu'il soit accepté par la communauté. Joyce en fait directement une proie potentielle tandis qu'Esmeralda O-Lan Jones menace les habitants du danger que représente sa venue. Esmeralda est présentée mystérieusement une première fois à sa fenêtre où quelques bougies et autres objets sont posés sur la tablette. Serais-ce un personnage à l'imaginaire singulier ? Plus tard, on découvre que c'est en réalité une chrétienne fanatique dont Tim Burton se moque ouvertement. Si l'intérieur de sa maison est richement décoré, ce n'est qu'au nom d'un culte grotesque et pathologique qui sert à lui faire porter la casquette de "folle du village". Joyce, elle aussi, se voit présentée comme un personnage maladif, notamment dans la célèbre scène où Edward lui coupe les cheveux. "L'innocence d'Edward révèle de plus en plus explicitement les désirs pervers de l'American Way of Life" 1. C'est alors "le contraste entre rituel de mort/amour et la quotidienneté de la situation qui fait le piment de la scène l'horreur tranquille, l'horreur que chaque habitant retourne en une jouissance" 2. Toute la problématique est là . On peut se contenter de la critique qu'Edward aux mains d'argent adresse à l'American Way of Life ou s'y opposer farouchement en soulignant à quel point Tim Burton dénigre des imaginaires différents du sien au lieu d'y reconnaître simplement des créatures d'un autre univers. La nymphomane ou la fanatique ne sont-elles pas dotées d'un imaginaire tout aussi puissant et capable de réagencer des mondes ? Burton préfère en tout cas les juger que de les mettre sur le même pied d'égalité que son imaginaire merveilleux dont Edward est l'incarnation. Outre la petite communauté, Peg doit aussi faire face à son mari et ses deux enfants. Kevin Robert Oliveri, le fils, est le contre-exemple de l'enfant du prologue à qui l'histoire est racontée. Il est le genre d'enfants que Tim Burton adore détester. Il ne semble en effet pas croire au merveilleux, il est bien souvent impoli, insensible, discrètement méchant et ne tisse aucuns liens d'amitié avec Edward. Leur seul moment de complicité apparaît lorsque Kevin présente Edward à sa classe. Mais là encore, il est difficile de penser qu'une amitié s'est crée entre eux tant Kevin donne l'impression d'exposer une bête de foire super cool. Jamais il ne laisse entrer Edward dans son imaginaire comme l'aurait fait un bon enfant burtonien ou spielbergien. C'est à nouveau là que se situe le problème Kevin ressemble à un enfant anesthésié à l'imaginaire pâlot. Comme son père, il semble intéressé par le baseball et aime se réfugier avec un ami dans la cabane de son jardin. Vers la fin du film, lorsqu'Edward est en fuite, il sort de la maison d'un voisin pour rentrer chez lui. Il passe alors devant un grand dinosaure taillé par Edward. La musique, au ton plutôt sombre, souligne une surprenante étrangeté, un peu comme si Kevin avait peur du buisson taillé en forme de diplodocus. Ce plan énigmatique et presque détonnant par rapport à l'ensemble du film ne semble avoir pour but que d'opposer définitivement le jeune garçon à l'imaginaire de Tim Burton. Plutôt que d’accueillir les merveilles d'Edward et de les utiliser pour repeupler son imaginaire, il les voit comme des choses terrifiantes et étrangères. Edward aux mains d'argent propose de considérer l'imaginaire de Tim Burton comme un remède à la pauvreté de l'American Way of Life. C'est d'ailleurs sur papier la belle idée du film rendre virale l’énergie créatrice d'Edward. Cette viralité débute évidemment par une opération de substitution d'imaginaire. Lorsque Edward effectue sa première création, il se trouve à côté de Bill Alan Arkin, le mari de Peg, qui écoute le baseball affalé dans son transat. La bande-son prolonge les applaudissements du public qu'on entend à la radio sur un plan montrant Edward posé devant son premier dinosaure. Un imaginaire est supplanté par un autre ; bien que Tim Burton ne semble pas accordé beaucoup de poids à l'imaginaire en place le plus commun et le plus éloigné du sien. Edward devient ensuite rapidement le chouchou du quartier en taillant non seulement les plantes, mais aussi les chiens puis les cheveux des femmes. Il apporte une touche sauvage à ce monde trop bien ordonné. Très vite, pourtant, "dans ce monde hostile où on assassine avec le sourire, une menace sous-jacente, un renversement de situation se transformera en haine féroce" 3. Tim Burton explique que ce retournement de situation, et la critique sociétale qui l'accompagne, lui vient de son enfance. "Pendant tout mon enfance je me sentais bizarre. Il y avait quelque chose d'étrange qui planait dans cette ville. Les gens étaient amicaux, mais uniquement en surface. Comme s'ils étaient forcés de l'être" 4. Outre la haine de l'autre, à l'image d'un autre beauf du film, Jim Anthony Michael Hall, le petit ami débile de Kim, on ne voit pas ce qui empêche Edward de redonner vie à ce petit quartier. Tim Burton semble nous dire qu'au fond personne, dans ce petit monde, n'est digne de pouvoir accueillir la singularité de son imaginaire. Lors du barbecue organisé par Peg, tous les voisins se moquaient déjà gentiment d'Edward dans un climat d’hypocrisie générale. Et quand il s'enfuit après un quiproquo, les habitants ont peur. Personne ne part à sa recherche et tout le monde souhaite qu'il ne revienne jamais. Bill, perché sur son toit en train d'installer les décorations de Noël, témoigne de la même nonchalance qui a été la sienne durant tout le film. Le plus incompréhensible reste la réaction passive de Peg. Alors qu'elle ramène Edward sans aucune raison chez elle, elle l'abandonne tout aussi subitement jusqu'à disparaître du récit. Comme ses voisines, elle reste cloîtrée chez elle et demande à Bill de partir à la recherche d'Edward. Pourquoi retourne-t-elle sa veste ? Si Tim Burton n'aime pas répondre aux questions touchant à la logique de ses films par exemple "Mais où Edward s'est-il procuré glace ? Je réponds sans attendre "Allez revoir tels pères, telle fille"!" 5, il est quand même surprenant de voir ce personnage central, de surcroît tout à fait disposé à faire entrer Edward dans son imaginaire, disparaître sans raison et assumer un retour à son quotidien qu'elle n'a peut-être jamais voulu abandonner. Tim Burton préférait sans doute souligner en premier lieu l'opposition irréductible entre l'imaginaire d'Edward et l'imaginaire décadent de la banlieue américaine, voire son absence d'imaginaire tout court. C'est pourquoi la viralité laisse place à l'emmurement. Edward retourne dans le grenier de son château en incompris voué à vivre pour toujours loin des hommes perfides. C'est du haut de son jardin secret qu'il fera tomber la neige et enchantera ceux qui, à l'instar de l'enfant du prologue, croient toujours au merveilleux. La marchandisation de l'imaginaire burtonien Cette première analyse avait pour but de montrer comment fonctionne l'imaginaire policier de Tim Burton. Il est possible d'aller encore plus loin Edward aux mains d'argent permet également de considérer cet imaginaire comme une marchandise. Rien de nouveau ici depuis Marx ou le célèbre Kulturindustrie de Adorno et Horkheimer, les œuvres circulent dans un flux de capitaux à l'intérieur d'innombrables marchés. Rien n'y échappe ou presque. Il est amusant de voir comment Tim Burton a transformé son imaginaire, sa patte et son univers macabre en un produit indépendant et exportable sous différentes formes. L'imaginaire d'un cinéaste peut-il se détacher du film où il s'exprime ? Énoncée dans ces termes, l'idée paraît ridicule. Pour la mettre à l'épreuve, il faut prendre en compte au moins deux facteurs. Le premier consiste à opérer une distinction entre deux façons dont l'imaginaire prend possession du récit et du monde dans lequel l'histoire est racontée. Le merveilleux ou le surnaturel, le futurisme, etc. peut soit entrer en opposition avec une réalité mainstream ou dépourvue de fantaisie Edward aux mains d'argent, soit il est partagé par tous les personnages qui baignent, au départ, à égalité dans un seul et même monde les deux Batman, par exemple. Cette distinction ne recouvre pas exactement celle qui existe entre le fantastique et la science-fiction, puisque une dystopie de SF peut déployer un imaginaire policier et le cinéma fantastique, s'il contamine une réalité qui ressemble à notre monde, peut très bien se passer du principe d'opposition entre imaginaires pour fonctionner. Nous voyons ici qu'il s'agit d'un choix que beaucoup de cinéastes ne font pas lorsqu'une critique de la société américaine est distillée dans un film, elle ne s'exprime pas forcément par le canal de l'opposition. Souvent, les populations sont opprimées, lobotomisées ou manipulées par un régime politique qui leur impose une existence mainstream. Il n'y a évidemment rien de tout cela dans Edward aux mains d'argent puisque le squelette du récit est articulé par un cinéaste conscient de juger sans fondement ni explication l'imaginaire de la classe moyenne américaine. Le second facteur qui intervient est la façon dont l'imaginaire est directement récupéré par les rouages de l'économie libérale. Dans le petit quartier d'Edward aux mains d'argent, tout est soumis au régime de la marchandise. Le but est de gagner de l'argent pour assurer son confort et être accepté par la communauté. Dans ce contexte, l'imaginaire devient ouvertement une denrée comme une autre. Edward aux mains d'argent offre un exemple parfait de cette transformation de l'imaginaire en marchandise. Après avoir attiré la curiosité du voisinage, Peg et Bill sont bien obligés de faire quelque chose d'Edward. Bill, en bon père américain, parle assez tôt de faire de l'argent comme si c'était le seul moyen de donner un sens à l'existence de la drôle de créature. Peg pense alors ouvrir un salon de coiffure où Edward pourrait exercer ses talents tout en gagnant de l'argent. Elle le traine d'abord à la banque afin d'obtenir un prêt avant de lui trouver un commerce à remettre où il pourrait rapidement s'installer. Elle l'emmène aussi chez un psychologue pour voir s'il est apte à exercer une activité. Cette balade dans les entrailles du monde libéral se termine par un passage en télévision dans un talk show vulgaire à l'américaine où le pauvre Edward finit par craquer sous le poids de la pression. On pourrait voir dans cette courte parenthèse du récit l'expression d'un imaginaire capitalisé. Peg, qui a plus de cœur que son fils, traîne Edward moins comme une bête de foire qu'une sorte d'artisan dont elle veut embellir l'existence. Bien sûr, Tim Burton dénonce clairement cette mascarade qui malmène sa créature tant aimée. Pourtant, et non sans ironie, c'est par les coupes qu'introduit son imaginaire policier dans la réalité que cette marchandisation d'Edward est rendue possible. S'il n'y avait pas deux mondes en opposition, deux imaginaires, deux manières de répondre à l'incursion de la féérie dans la réalité, ce recyclage de l'imaginaire burtonien dans l'économie libérale n'aurait pas lieu d'être. Tim Burton ne semble pas voir que sa critique de la société américaine s'applique aussi à son propre imaginaire, un imaginaire qui ne se fond pas dans le décor mais le surplombe, avec sa viralité et son fonctionnement totalitaire. Cette hypothèse ne tient plus lorsque le cinéaste abandonne son esprit revanchard et critique. Lorsqu'il accepte de réaliser plusieurs films de commande comme Beetlejuice 1988, Batman 1989 et Batman, le défi 1992, son imagination se met au service du seul et unique monde dans lequel le récit se déroule l'unité diégétique du film, le monde des personnages que l'imaginaire policier Tim Burton ne segmente plus. L'imagination macabre du cinéaste trouve un terrain d'expression idéal dans le Gotham poisseux et corrompu de Batman. Le film est ainsi conforme à la noirceur du comics. Ce monde dystopique appartient au registre de la science fiction et tout le monde y survit selon les règles qu'il impose. Les quatre personnages principaux sont dotés d'imaginaires propres qui ne sont ni hiérarchisés, ni jugés selon un principe moral le degré de merveilleux sur l'échelle de l'imaginaire. Il y a ainsi l'imaginaire fou du Joker ; celui, plus ténébreux, de Bruce Wayne ; celui de la photographe Vicki Vale Kim Basinger et, enfin, celui du reporter Alexander Knox Robert Wuhl qui rêve de remporter le prix Pulitzer. Quatre imaginaires différents donc, mais égaux entre eux. Dans Beetlejuice, qui est plus proche d'Edward aux mains d'argent, un couple décède dans un accident de voiture et se voit condamné à hanter leur maison. Lorsque des acheteurs farfelus s'y installent, ils vont essayer de les chasser le plus vite possible mais c'est l'inverse qui se produit le film va lentement rapprocher les morts et les vivants autour d'une coexistence heureuse au sein de la maison. Tim Burton fait pourtant d'abord du personnage de Winona Ryder une sorte de double de lui-même. Elle sera au début la seule personne capable de voir les fantômes, et cela parce que son imaginaire macabre lui permet de croire au surnaturel... Cette hiérarchie typiquement burtonienne s’effritera assez rapidement. Les parents, jugés sévèrement au début, à l'instar de l'attaché de presse coquet de la mère, seront reconnus dans la singularité de leur imaginaire. Beetlejuice se termine par une scène de joie contagieuse on se dit alors que le cinéma de Tim Burton a peut-être manqué un train. Qu'aurait pu réserver cette ouverture à la joie et la bonne humeur, le partage et la féérie d'un vivre-ensemble bricolé de singularités fortes ? Edward aux mains d'argent » la revanche de Tim Burton ? S'il n'est pas question ici d'éclairer Edward aux mains d'argent à la lumière des déclarations que tient Tim Burton sur sa vie personnelle – cela fait deux siècles que Sainte-Beuve est derrière nous – ou sur les conditions du tournage, il est néanmoins intéressant de se pencher sur certains de ses propos car ils permettent de mieux situer l'origine de cet imaginaire policier. Le cinéaste aime se présenter comme un étranger un peu farfelu aux propos incompréhensibles que les studios regardent avec des yeux écarquillés 6. Cette impression de marginalité, Tim Burton la connaît depuis sa jeunesse où Edward aux mains d'argent prend sa source. "Adolescent, j'avais énormément de mal à communiquer avec le reste du monde, à lier des relations avec les autres, et ma personnalité n'avait rien à voir avec l'impression que je donnais. Je me trouvais, comme tant d'autres, dans l'impossibilité d'exprimer les sentiments que j'éprouvais. Edward veut lui aussi toucher ce qui l'entoure, mais ne peut le faire, son désir créateur est en même temps un désir destructeur" 7. Jusqu'ici, rien d'anormal, il est logique qu'une création puisse résonner avec une situation vécue durant l'adolescence. Très vite, pourtant, ce désir créateur pour reprendre les mots du cinéaste se trouve entaché par la revanche, voire une certaine forme de haine, qui présuppose que sa marginalité soit considérée comme un antidote à sa perception désenchantée du monde. "Je me suis rendu compte très jeune que la tolérance n'était pas chose répandue. On doit, très tôt, s'aligner sur certains schémas, en tout cas aux États-Unis. Dès notre premier jour d'école, on nous explique que celui-ci est intelligent, mais que celui-là ne l'est pas ; que celui-ci est normal, mais que celui-là est bizarre. On te fait entrer immédiatement dans des catégories. C'est dans mon agacement face à ces "principes" que j'ai puisé Edward aux mains d'argent" 8. Outre le fait que ces propos soient tout à fait arbitraires nous pourrions sans difficulté comparer sa situation à la nôtre, ils révèlent un mal-être profond qui va se traduire conjointement par une attaque frontale contre la banlieue petite-bourgeoise dans laquelle il vivait adolescent. "Grandir dans ces banlieues, c'est grandir dans un univers sans histoire, sans culture, sans passions. Les gens écoutaient de la musique – mais l'entendaient-ils vraiment ? On avait l'impression que tout leur était profondément indifférent" 9. L'ado de l'époque a-t-il poussé les portes de chaque maison de son quartier ? Palper l'ambiance latente d'une atmosphère a priori superficielle suffit-il à établir une "vérité" ? Nous retrouvons clairement ici la base de la critique que nous formulons au cinéaste ce dernier aurait largement sous-évalué l'imaginaire potentiel des personnes qu'ils jugent comme incapable du moindre écart de conduite, du moindre saut dans un imaginaire aussi riche que le sien. Le pauvre Tim n'avait pas le choix, "du coup, il fallait ou bien se fondre dans la masse et renoncer à une grande part de soi-même, ou bien posséder une vie intérieure et donc se couper des autres" 10. Cette phrase effrayante mériterait de longs développements. Si elle traduit l'état d'âme de Burton, elle ne semble valoir que pour lui seul. Elle contient tant de colère, de présupposés et de jugements qu'il est pratiquement impossible de voir en Edward aux mains d'argent autre chose qu'un moyen d'exprimer ces différents ressentiments. On comprend mieux pourquoi Burton, au même titre qu'Edward, fait le choix de se caparaçonner 11. C'est ici qu'intervient Jim, le petit ami de Kim et rival d'Edward dans la conquête de son cœur, dont nous n'avons pas encore beaucoup parlé. Dans le final d'Edward aux mains d'argent, Edward le tue et beaucoup de critiques ont reproché à Tim Burton ce qui s'apparente à une revanche. Le principal intéressé ne dément pas "Je pense que j'ai dû satisfaire là un fantasme de vengeance qui remontait à la fac ou au lycée. Je crois que ça m'a fait du bien" 12. Avec de tels propos, il est difficile de mettre en doute une théorie de l'imaginaire policier à l’œuvre chez Tim Burton. Celui-ci ajoute encore que "ces types me laissaient pantois. Je songeais et ce sont ces types-là qui ont toutes les filles ! Et ce sont ces gars-là qui nous représentent, alors que ce sont de vrais psychopathes" 13, avant d'expliquer qu'il s'est rendu à une réunion d'anciens élèves où il a pu constater que les marginaux et les souffre-douleurs avaient réussi leur vie à l'inverse des caïds de l'époque ! 14. Les rouages de l'imaginaire policier sont ici clairement visibles il s'agit de dévaluer une autre forme d'imaginaire dont la critique ne comprend pas les tenants et les aboutissants. Et si ses gros bras avaient leur propre imaginaire et une intériorité aussi riche que celle du cinéaste ? Jamais le cinéma de Tim Burton ne va à la rencontre de ceux à qui il dénie une vie potentiellement riche. La conclusion sans appel du cinéaste résonne avec la fin d'Edward aux mains d'argent "En réaction à cet univers dans lequel j'ai vécu toute mon enfance, j'ai choisi une manière de me placer au-dessus, d'être en dehors, d'aller au-delà , de vivre dans un lieu qui ne ressemble pas à un intérieur de boîte à chaussures 15" 16. Pour ne pas conclure Tim Burton, un imaginaire taillé pour la science-fiction ? En guise de conclusion, nous pourrions avancer l'idée que l'imagination de Tim Burton n'est jamais aussi fertile que lorsqu'elle renonce à sa "touche personnelle" qui consisterait en partie à introduire une critique ratée de l'American Way of Life. Celle-ci fonctionnerait mieux si elle incriminait un pouvoir ou une cause extérieure justifiant l'uniformisation des êtres humains. L'art macabre de Tim Burton trouve donc dans les films de commande un agencement où le merveilleux peut se déployer dans l'ensemble de l'univers diégétique sans devoir procéder à des coupes dans la réalité ou mettre en opposition des formes différentes d'imaginaire. On peut évidemment ne pas partager cette analyse et continuer de célébrer l'imaginaire foisonnant de Tim Burton et sa capacité à nous émerveiller. Il ne faut pas oublier qu'il est l'un des rares cinéastes à pouvoir donner vie aux inventions les plus fantastques de son imagination, ce qui le rend précieux à bien des égards. Mais un cinéma de l'imaginaire peut aussi très bien s'exprimer sans l'esprit revanchard, élitiste et policier que nous avons décelé chez Tim Burton. Il existe autant d'imaginaires qu'il n'y a d'êtres humains. On peut en détester beaucoup, les moquer, les renvoyer éventuellement à leurs propres limites, mais les reconnaître et les explorer seraient déjà une première étape. Il reste au cinéma beaucoup de formes d'imaginaires à apprivoiser, en sachant qu'il s'agit d'un des terreaux le plus fertiles pour parler de la réalité elle-même et éviter les pièges du naturalisme. Le cinéma de Tim Burton ne semble pourtant pas concerner par tout cela il évolue dans son propre monde où le produit de son imagination est roi. La réalité y surgit seulement pour être critiquée et moquée car la vrai vie réside peut-être uniquement dans l'imaginaire. Pour poursuivre la lecture autour de Tim Burton Guillaume Richard, Tim Burton, Policier de l'imaginaire et Fossoyeur de freaks », Le Rayon Vert, 12 septembre 2017. Guillaume Richard, Dumbo de Tim Burton L’Éléphant qui réenchante les Regards », Le Rayon Vert, 7 avril 2019.
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edward et les mains d argent